Lerné - Château-de-Chavigny

Historique du nom: Chavigny (1336), Chavigny (1410, Archives nationales), Chavigny (1518, Lettres Patentes d’érection du fief de Chavigny en châtellenie), Chavigné (1639, Archives de Candes-Saint-Martin), Chavigny (1639, Rôle des fiefs de Touraine, rôle de Chinon), Chavigné (1647, Archives de Candes-Saint-Martin), Chavigny (XVIIe siècle, Archives 37, C587), Chavigny (1774, acte Thomas/Saumur), Chavigny (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), Château de Chavigny (1820, Carte de l'état-major), Château de Chavigny (1837, Cadastre), Château de Chavigny (1962, Cadastre), Château de Chavigny (2013, Carte IGN).
Cette châtellenie relevait du roi à cause du château de Loudun. Le seigneur devait 40 jours de garde par an à ce château. D'abord hébergement et simple fief, Chavigny fut érigé en châtellenie en août 1520. La justice dépendait du bailliage de Saumur. Bâti en 1336, le château fut fortifié en 1432, puis notablement agrandi au début du XVIe siècle. On éleva un grand corps de logis destiné à l'habitation du seigneur et on ajouta aux fortifications, déjà importants, un donjon et diverses constructions pour défendre les approches. A la fin de l'année 1568, la forteresse, qui appartenait alors à un catholique nommé François Le Roy, fut assiégée par une troupe de protestants qui avaient à leur tête les capitaines François de Boucart, Croiset, le Rivière, Guicherye, Germonville et le seigneur du Fau (Reignac). François Le Roy, obligé de s'éloigner pour son service dans les armées royales, avait confié la garde du château aux capitaines Madelon Des Hayes et Nicolas de la Barre, et leur avait laissé 17 hommes d'armes, auxquels, en cas d'attaque, devaient se joindre les tenanciers de la châtellenie. Les Huguenots, au nombre de plus de 300 et qui étaient pourvus de 6 pièces de canon, se présentèrent devant Chavigny dans les derniers jours de décembre. Après avoir, avec leur artillerie, fait sauter une des portes et pratiqué plusieurs brèches aux murs du parc, ils se préparèrent à prendre d'assaut les ouvrages intérieurs. Les hommes d'armes de François Le Roy dirigèrent un feu nourri sur les premiers assaillants qui se montrèrent; mais bientôt leurs chefs, comprenant qu'il leur serait impossible de soutenir longtemps la lutte contre tant d'ennemis, se décidèrent à capituler. Le capitaine Boucard consentit à parlementer avec le capitaine Des Hayes, qui se déclarait prêt à livrer le château, à la condition que la petite garnison sortirait en pleine liberté, avec ses armes. Tandis qu'une discussion s'engageait entre les 2 chefs, Boucart voulant que ses adversaires se rendissent à discrétion, Des Hayes, de son côté, refusant de souscrire à ces exigences, les soldats huguenots, violant la suspension des hostilités, escaladèrent les murailles, se répandirent dans le château, massacrèrent tous les hommes d'armes qu'ils rencontrèrent et mirent tout au pillage. Vaisselle d'argent, tapisseries, tableaux, linge, étoffes de soie, vases sacrés et ornements de la chapelle, 300 arquebuses et autres armes, tout fut chargé sur des charrettes et emmené au camp des calvinistes, du côté de Fontevraud. Dans le même moment, une foule d'individus, accourus des campagnes voisines, se mêlèrent aux soldats et s'emparèrent des blés, vins et autres denrées qu'ils purent emporter. Avant de se retirer, les réformés, par ordre du capitaine Boucard, mirent le feu au château et aux fermes qui en dépendaient. Les flammes, alimentées par des grandes quantités de paille et de foin qui remplissaient les greniers, détruisirent tous les bâtiments. Les dommages résultant, tant de l'incendie que du pillage, furent évalués à 50.000 écus. Parmi les personnes que les huguenots avaient massacrées en s'emparant du château, se trouva le curé de Tavant, nommé Hugues Girault. Louis Bedent, curé de Lerné, fait prisonnier par le capitaine Messine, parvint à s'échapper tandis qu'on le conduisait de La Roche-Thibault à La Gaudrée. Le commandant du château, Madelon Des Hayes, emmené jusqu'à Bournan, en Poitou, par les capitaines Boucard et Gaultonère, ne put obtenir sa mise en liberté qu'après avoir payé une rançon de 200 livres.
En janvier suivant, Jean de la Barre, lieutenant-général du bailliage de Chinon, fut chargé par le duc d'Anjou, lieutenant-général du royaume, de faire une information au sujet de la destruction et du pillage de Chavigny. Il entendit une vingtaine de témoins.
Le château fut reconstruit, vers 1600, par François Le Roy.
Le seigneur de Chavigny avait le droit de patronage dans l'église de Lerné. Suivant des aveux du 19 février 1647 et du 2 août 1788, le curé lui devait foi et hommage et une rente annuelle de 5 sols, de 2 chapons et d'une poule.

Les seigneurs de Chavigny furent:
1- Guillaume de Digoigne, chevalier, posséda la terre de Chavigny de 1306 à 1327. Il épousa  Agnès de Montsoreau.
2- Hardouin Maumoine, ou Maumoigne, écuyer, possédait Chavigny en 1329.
3- Pierre Maumoine, chevalier, seigneur de Chavigny, de La Maumonnière et du Chillou, vivant en 1370, eut une fille unique, nommée Martine-Jeanne.
4- Émery de la Grezille, écuyer, fut seigneur des mêmes fiefs, du chef de sa femme, Martine-Jeanne Maumoine. Celle-ci épousa, en secondes noces, Guillaume Le Roy.
5- Guillaume Le Roy, premier du nom, chevalier, seigneur des mêmes lieux, eut 2 fils et une fille, de son mariage avec Martine-Jeanne Maumoine: Guillaume II, qui suit; Pierre, seigneur de Courteau; Jeanne, femme de Jean de Clermont. Il mourut avant 1424. Martine-Jeanne Maumoine se maria pour la troisième fois avec Macé de Gemages. Elle fit son testament le 17 mars 1424.
6- Macé de Gemages, chevalier, vicomte de Dreux, fut seigneur de Chavigny du chef de sa femme (1405-1406).
7- Guillaume Le Roy, second du nom, chevalier, seigneur de Chavigny, du Chillou, de Basses et de La Baussonnière, épousa, le 9 novembre 1398, Jeanne de Dreux, fille d’Étienne de Dreux, dit Gauvain, seigneur de Beaussart, et de Philippe de Maussigny, et eut 2 enfants: Guillaume III, qui suit, et Gauvain, dit Gauvain de Dreux, seigneur de La Baussonnière, du Bouchet, de La Jallaise, du Pège et de Beaufay, marié, en 1434, à Marguerite de Chevreuse, fille de Jean de Chevreuse et de Guillemette d'Estouteville.
8- Guillaume Le Roy, troisième du nom, chevalier, seigneur de Chavigny, transigea le 29 avril 1444, avec Robert de Dreux, son cousin, au sujet de la succession de leur oncle, Simon de Dreux. Il fut nommé capitaine du château de Montléry par lettres du 23 avril 1436. De son mariage, contracté le 20 janvier 1442, avec Françoise de Fontenay, fille d'Ambroise de Fontenay, chevalier, seigneur de Saint-Cassien et de Saint-Clet, il eut: René, qui suit; Guyon, seigneur du Chillou, vice-amiral de France; Guillaume, évêque de Maguelonne; Catherine, mariée à Bertrand de la Jaille.
9- René Le Roy, chevalier, seigneur de Chavigny et de La Baussonnière, conseiller et chambellan du roi, rendit hommage au roi pour sa terre de Chavigny, le 2 mars 1488. Il épousa, le 16 mars 1481, Madeleine Gouffier, fille de Guillaume Gouffier, baron de Roannez, seigneur de Bonnivet et de Boissy, sénéchal de Saintonge, et de Louise d'Amboise. De ce mariage naquirent: Louis, qui suit; Jacques, archevêque de Bourges; Gilles, décédé le 29 mai 1539; Pierre; François, grand aumônier du roi François Ier, mort le 18 octobre 1515; Antoinette, mariée, le 15 janvier 1518, à François de Prunelé, seigneur d'Herbault.
10- Louis Le Roy, chevalier, seigneur de Chavigny, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et capitaine des Gardes du corps, épousa, en 1515, Antoinette de Saint-Père, fille d'Adam de Saint-Père, chevalier, seigneur de Clinchamp, et de Charlotte de la Haye, et eut 2 enfants: François, qui suit, et Madeleine, mariée, le 1er juin 1550, à Jean de Rouville.
11- François Le Roy, chevalier, seigneur de Chavigny et de La Baussonnière, comte de Clinchamp, lieutenant-générale de Touraine, chevalier des ordres du roi et capitaine de ses gardes, capitaine-gouverneur du château de Chinon (1588), épousa, en premières noces, le 12 juin 1545, Antoinette de la Tour, fille de François de la Tour III, vicomte de Turenne, et de Louise de Bologne; et, en secondes noces, en juin 1577, Renée de Bretagne, fille d'Odet de Bretagne, comte de Vertus, et de Renée de Coesmes. Il mourut, sans postérité, le 18 février 1606, âgé de 87 ans. Par testament en date du 31 juillet 1574, lui et sa première femme avaient fondé une messe dans la chapelle du château de Chavigny et une école dans la paroisse de Lerné. De plus, ils avaient fait don de 60 livres tournois à l'hôtel et Maison-Dieu de cette paroisse.
12- Jean de Rouville, chevalier, lieutenant au gouvernement de Normandie, seigneur de Rouville et de Grainville, puis de Chavigny, du chef de sa femme, Madeleine Le Roy, héritière de François Le Roy, son frère, obtint, le 3 septembre 1607, la remise des droits de rachat pour sa terre de Chavigny et pour celle de La Roberdière. Il eut un fils, Jacques, seigneur de Grainville, qui épousa, en 1573, Diane Le Veneur, fille de Tanneguy Le Veneur, comte de Tillières, lieutenant-général et gouverneur de Normandie, et de Madeleine de Pompadour. Jacques mourut avant son père et laissa un fils, Jacques II.
13- Jacques de Rouville, second du nom, chevalier, comte de Clinchamp, seigneur de Chavigny, gouverneur des ville et château de Chinon, épousa, en premières noces, en 1609, Antoinette Pinart, fille de Claude Pinart, vicomte de Comblisy, et de Françoise de la Marche; en secondes noces, le 10 octobre 1621, Élisabeth de Longueval, fille de Philippe de Longueval, seigneur de Manicamp, et de Élisabeth de Thou. Du premier lit il eut: Nicolas, comte de Clinchamp, tué près de Mons en 1637; François, qui suit; Marie, femme de Pierre de Neuville, marquis de Saint-Rémy; Gabrielle, mariée, en 1646, à Henri Pot, marquis de Rhodes. Du second lit sont issus: Louise, mariée, en 1650, à Roger de Barutin, comte de Bussy, et décédée en août 1703; Anne-Agnès, abbesse de Saint-Julien de Rougemont. Jacques de Rouville mourut en 1628.
14- François de Rouville, frère et héritier du précédent, vendit les terres de Chavigny, de Maulévrier et de la Maumonnière à Claude Bouthillier, par acte du 20 août 1634, pour 120.000 livres et 3.000 livres de pot-de-vin.
15- Claude Bouthillier, chevalier, secrétaire d’État et surintendant des finances, seigneur de Chavigny, de Maulévrier, de La Maumonnière, de Pons-sur-Seine et de Fossigny, rendit aveu, pour la terre de Chavigny, le 3 juin 1643. Il mourut à Paris le 13 mars 1655. De son mariage, contracté en 1606, avec Marie de Bragelongue, fille de Léon de Bragelongue, conseiller au Parlement de Paris, et d’Éléonore de la Grange-Trianon, il eut un fil unique, Léon, secrétaire et ministre d’État, grand trésorier des ordres du roi, décédé le 11 octobre 1652. Léon Bouthillier avait épousé, le 20 mai 1627, Anne Phelippeaux, fille de Jean Phelippeaux, seigneur de Villesavin, et d'Isabelle Blondeau. De ce mariage naquirent plusieurs enfants, entre autres: Armand-Léon, qui suit; Gaston-Jean-Baptiste, colonel au régiment de Piémont, mort le 24 octobre 1718; Jacques-Léon, conseiller au Parlement de Paris, décédé le 2 décembre 1712; François, évêque de Rennes, mort le 15 septembre 1731; Henriette, mariée à Louis-Henri de Loménie, comte de Brienne, secrétaire d’État.
16- Armand-Léon Bouthillier, chevalier, seigneur de Chavigny, de La Gaudrée et de Cessigny, maître des requêtes, rendit aveu, le 4 août 1665, pour sa terre de Chavigny. Il mourut en 1684. De son mariage avec Élisabeth Bossuet, qu'il avait épousé en 1658, il eut: Armand-Victor, qui suit; Claude-François, brigadier des armées du roi, mort le 14 mars 1703; Louis, marquis de Villesavin, colonel du régiment de Quercy, marié, le 9 juillet 1709, à Antoinette Le Goulz-Maillard; Denis-François, archevêque de Sens, mort le 9 novembre 1730; Élisabeth-Marguerite, abbesse des Clérets, au diocèse de Chartres.
17- Armand-Victor Bouthillier, chevalier, capitaine de vaisseau, seigneur de Chavigny, rendit aveu pour cette terre, le 20 août 1702 et le 25 mars 1704, pour celle de Cessigny. Il mourut le 6 août 1729. Par contrat du 20 novembre 1703, il avait épousé Lucie de Goddes de Varennes, fille de François de Goddes de Varennes, et de Lucie Le Clerc de Sautré. De ce mariage il eut: Claude-Louis, qui suit; Pauline-Hortense, qui épousa Louis-Léon de Bouthillier, comte de Beaujeu.
18- Armand-François Bouthillier, comte de Pons-sur-Seine et de Chavigny, enseigne au régiment des Gardes françaises, puis brigadier des armées du roi, rendit aveu, le 19 juillet 1732, pour sa terre de Chavigny. Le 13 août 1735, il épousa Françoise-Mélanie de la Fare, fille de Philippe-Charles, marquis de la Fare, maréchal de France, et de Françoise Paparel.
19- Louis-Léon Bouthillier, comte de Beaujeu et seigneur de Chavigny, capitaine dans le régiment du Roi-Infanterie, rendit aveu pour sa terre de Chavigny le 23 décembre 1745 et le 16 décembre 1755. Il épousa, en premières noces, Pauline-Hortense Bouthillier de Chavigny, dont il eut une fille, Gabrielle-Pauline; et, en secondes noces, le 15 août 1742, Élisabeth-Marie du Puy de Vallière, fille de Jean, maître des requêtes, et de Marie-Anne-Charlotte Ruaut du Tronchet. De ce second mariage naquit un fils, Charles-Léon.
20- Joseph-Ignace-Côme-Alphonse-Roch, marquis de Valbelle, brigadier des armées du roi, lieutenant-général de Provence, seigneur de Chavigny, du chef de sa femme, Gabrielle-Pauline Bouthillier, dame d'atours de la reine, qu'il avait épousée le 7 février 1752, mourut le 7 août 1766. Il était fils d'André-Geoffroy de Valbelle, marquis de Rians, et de Marguerite-Delphine de Valbelle.
21- Jean-Balthazar, comte d'Adhémar de Montfalcon, seigneur de Vaquerolles, colonel du régiment de Chartres, ministre plénipotentiaire au gouvernement des Pays-Bas, chevalier de Saint-Louis, fut seigneur de Chavigny, du chef de sa femme, Gabrielle-Pauline Bouthillier, veuve du marquis de Valbelle. Par acte passé à Saumur, le 16 décembre 1774, il vendit Chavigny à Marie Caillaud.
22- Marie Caillaud, veuve de Jean-Pierre Desmé du Buisson, chevalier, conseiller au Parlement de Paris, procureur-général au Conseil souverain du Cap français et des îles de Saint-Domingue, rendit aveu pour sa terre de Chavigny le 11 mai 1775.
23- Auguste-Jean-Marie Desmé, chevalier, seigneur de Chavigny, de La Cour de La Brosse, de La Taillère, de La Haye, de Cessigny et de Lavart, comparut, en 1789, à l'assemblée de la noblesse du Poitou.
La Chapelle du château de Chavigny est mentionnée, comme étant en bon état, dans le Registre de visite des chapelles du diocèse de Tours, en 1787.

Lerné par Tourainissime

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