Historique du nom: Razay (XVIIe, XVIIIe siècles, Archives 37, C570, C588, C603, E326, E327), Le Petit Razé (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), Château de Razé (1820, Carte de l'état-major), Razay (1826, 1949, Cadastre), Razay (2014, Carte IGN).
Ce fief relevait du château de
Montrichard. A Pierre d Pons, né à Razay et mort en 1512, succéda René de Pons et Anne de Chasteauneuf. Le 11 février 1573, cette dernière approuva la vente de Razay qu'aurait faite son mari à Nicolas de Thienne. Et pourtant, le 19 novembre 1573, on procéda à la saisie réelle de Razay à la requête de Gilles Quinault, abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Genouph, créancier de René de Pons, écuyer, pour une somme de 1.500 livres que celui-ci déclara ne pouvoir payer. Cependant, le 7 décembre 1574, Nicolas de Thienne en devenait propriétaire.
Fils de Louis de Thienne, italien de Vicence, Nicolas serait né dans ce ville vers 1525. Homme d'armes de la compagnie du marquis de Villars, il vint à sa suite s'établir en Touraine et, le 3 janvier 1572, Charles IX lui concéda des lettres de naturalité. Il épousa une fille naturelle d'Honorat de Savoie, Jeanne de Villars, qui en reçut une dot de 6.000 livres. Dans un aveu rendu en la cour de Montrésor, le 17 juin 1599, Jeanne de Villars est dite veuve de Nicolas de Thienne. Le couple avait eu au moins onze enfants, l'aîné Honorat, qui fut parrain à Céré en 1579, était filleul d'Honorat de Savoie. Il dut mourir jeune et son frère Esme devint seigneur de Razay qu'il se réserva lors du partage du 1er octobre 1609. Il avait acquis, le 13 décembre 1606, Le Châtelier, dans la même paroisse. En juin 1634, les élus de Loches le maintinrent en sa noblesse pour en avoir fait la preuve depuis 1569, ce qui fut confirmé le 6 mars suivant par l'intendant de Touraine. Il fut inhumé le 2 novembre 1641 dans l'église de Céré où son épouse, Bonne de Burgat, vint le rejoindre le 10 août 1659. Le second de leur huit enfants, Esme, fut l'auteur de la branche de Cigogné. L'aîné, Henri, qui continua la lignée des seigneurs de Razay, mourut avant sa mère, en juillet 1651. Son fils, Esme de Thienne, né à Céré le 26 février 1636, fit une transaction avec ses frères, le 3 mars 1662, au sujet de la terre de La Mardelle. Il fut parrain du fils de Anne de la Bonninière à Beaumont-la-Ronce le 30 mars 1664. Le 3 juin 1666, il aurait vendu Razay à Louis de Coudré, mais sans doute à réméré car, en 1671, il en était redevenu propriétaire. Après sa mort, ses biens situés dans les paroisses de Céré, Orbigny, Genillé, Saint-Georges-sur-Cher, Beaumont-Village, furent saisis sur son épouse, Marie-Florence
des Couleurs, mère et tutrice de ses enfants mineurs, à la requête de François Boireau, écuyer, seigneur de Cangey, Maître Jean-Baptiste Gaullepied, juge et lieutenant particulier en Touraine, et Thomas Bergeron, écuyer sieur de La Goupillère.
Ce fut le cousin germain du défunt Esme de Thienne, Gajetan de la branche de le Tour de Cigogné qui se rendit adjudicataire de la terre de Razay. Par contra du 18 avril 1686, il épousa Marie du Coudray et fut maintenu dans sa noblesse par Hue de Miromesnil le 9 août 1700. Il mourut le 11 octobre 1724 et fut inhumé dans l'église de Céré. Il laissait un fils, Louis-Gajetan de Thienne, allié le 17 mars 1723, à Victore Ancel Desgranges, qui décéda en 1744, où le 11 octobre il fut enterré dans l'église de Céré. Il avait eu au moins cinq enfants encore mineurs et ce fut en leur nom que Charles Ancel Desgranges rendit aveu pour Le Châtelier le 16 février 1746. Louis-Gaétan de Thienne, baptisé le 8 novembre 1728, lui succéda à Razay. Lorsqu'il comparut par fondé de pouvoir à l'assemblée électorale de la noblesse de Touraine en 1789, il était dit chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, ancien capitaine au régiment du roi, bailli et châtelain de La Grosse-Tour, capitaine et gouverneur des ville et bailliage de Sens, seigneur de la Haute justice du Châtelier, Razay, La Piollière, Monsay, Launay, Lazay, Beauregard, Beauchêne, Lalleu, Fosse-Maure, Le Menil, La Bédaudière et Saint-Georges-sur-Cher. Le 13 juin 1767, il s'était marié à Paris avec Adélaïde-Élisabeth-Paulin de Vigny, soeur de Léon-Pierre de Vigny. Ce dernier se maria, le 22 avril 1790, en l'église Saint-Ours de Loches, avec Marie-Jeanne-Amélie de Baraudin. M. et Mme de Thienne, de Razay, et le chevalier de Thienne, de Cigogné, assistèrent à la cérémonie. Ainsi le seigneur de Razay était l'oncle du poète Alfred de Vigny. Sa fille unique hérita de tous ses biens et était veuve en 1827 de M. de Saint-Chamans.
Le 24 novembre 1834, le château de Razay fut vendu par Louis-Gaétan-Marie de Saint-Chamans à Mme Nievez-Dominique-Antoinette-Ritta-Joseph-Louise-Catherine Martinez de Hervas. Veuve en premières noces de Michel Duroc, duc de Frioul, général de division et grand maréchal de l'empereur, elle s'était remariée au baron Charles-Nicolas Fabvier, lieutenant général, pair de France, grand officier de la Légion d'honneur et héros de l'indépendance grecque. Le 16 décembre 1846, Mme la baronne Fabvier vendit la terre de Razay à Charles-Éléonore Moulin. Ce fut sur ses héritiers, à la suite d'une adjudication au tribunal civil de la Seine, que le domaine fut acquis, le 27 août 1856, par Michel Durand qui le revendit, le 19 juin 1878, à Clémentine Masson, alors veuve d’Élie Deguingand.
Par donation, le 30 avril 1881, Razay échut à l'une des filles de Mme Deguigand, Clémentine, épouse de Jean-Baptiste-Léon de la Motte qui mourut au château le 4 septembre 1905. Un nouveau partage, en 1909, l'attribua à Jeanne-Noémie de la Motte, femme de Charles-Ernest Millon de la Verteville. A la requête de leurs héritiers, le domaine fut adjugé le 25 mars 1933 à un marchand de bien qui, le 27 juillet suivant, le céda à une société faisant le commerce des bois.
Le 6 juin 1947, le château revendu seul, fut acheté par l’Électricité de France, dont la caisse centrale d'activités sociales y organisait chaque été des colonies de vacances pour les enfants du personnel, et en tous temps des séjours pour leurs retraités.
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