Saint-Paterne-Racan - La Clarté-Dieu

Ce lieu s'est appelé: Claritas Dei (1239, 1240, 1253 et 1394, chartes de la Clarté-Dieu), Clarté-Dieu (XVIIIe siècle, carte de Cassini), La Clarté-Dieu (2014, carte IGN).
C'était une abbaye de l'ordre de Citeaux. Ce monastère fut fondé au moyen d'une somme assez considérable, léguée à l'ordre de Citeaux par Pierre, évêque de Wington, en Angleterre. Jean, abbé de l’Épau, au diocèse du Mans, eut mission de s'occuper de cette fondation. En octobre 1239, il acheta à Ebbes de la Chaîne, chevalier, le fief de Beluet, situé dans la paroisse de Saint-Paterne et dépendant de la châtellenie de Saint-Christophe, et y fit élever les bâtiments claustraux et l'église abbatiale.
Cette vente fut ratifiée par Jean d'Alluye, seigneur de Saint-Christophe, tandis que de son côté Juhel de Mathefelon, archevêque de Tours, autorisait la fondation du monastère.
Plusieurs seigneurs, entre autres Girard de Chaourses, Jean du Bois, Émery de la Benaste, Barthélemy du Plessis, Pierre de la Roche, Raoul Chinorz et Pierre Malet, possédaient, dans la circonscription du fief de Beluet, des dîmes, cens et rentes, ainsi que divers terrains qu'ils vendirent à l'abbaye (actes de mars 1242, août 1243, août et octobre 1245, janvier 1250). En 1245, Hugues de Châtillon donna aux religieux une rente de 50 livres tournois. D'autres dons furent faits vers la même époque par la collégiale de Saint-Martin de Tours, par Houdearde de Lublé, femme de Girard de Chaourses, et par les seigneurs de Saint-Christophe.
La fondation de l'abbaye fut approuvée, en janvier 1243, par Boniface, abbé de Citeaux et, en juin 1248, par le roi.
Le 11 février 1364, les cloîtres et l'église abbatiale furent pillés et ensuite incendiés, en partie, par l'ordre d'Amaury de Trôo, capitaine de Château-du-Loir, et par le capitaine Arbelot de Germaincourt. Les soldats massacrèrent dans l'église un religieux nommé Thomas Prévost qui avait voulu s'opposer aux dévastations.
Les religieux dépensèrent des sommes considérables pour réparer leurs bâtiments et furent contraints, pour acquitter les dettes forcément contractées, d'aliéner divers domaines.
En 1667, les murailles de l'église menaçaient ruine. Pour arrêter les écartements qui se produisaient sur divers points, on dut faire usage de robustes tirants de fer.
Dans le milieu du siècle suivant, des crevasses se manifestèrent dans la voûte du sanctuaire. Des pierres se détachèrent au-dessus du grand autel, et les religieux se virent forcés de célébrer leurs offices dans une chapelle voisine.
En 1755, une partie de voûtes en pierre fut remplacer par des lambris, et sous prétexte de donner plus de clarté dans l'église, on remplaça par des vitres ordinaires les anciens vitraux de couleur.
Il y avait trois chapelles dans l'église: l'une, dédiée à saint Léonard, l'autre, à la sainte Vierge, la troisième, à saint Pierre-ès-Liens. Dans cette dernière, se trouvait la tombe en pierre de Geoffroy de Courcillon, surmontée de l'effigie du défunt, représentant un chevalier armé de toutes pièces. Autour du tombeau, on lisait cette inscription:
L'an mil 3 cens quatre vingt qvinze fvst ensepvltvré fev Gevfroy de Covrcillon, escvyer, dovqvel Diev voeille avoir l'ame. Amen.
Aux 4 angles du cénotaphe étaient sculptées les armoiries de la famille de Courcillon.
Dans l'ancien martyrologe de la Clarté-Dieu, on lisait le passage suivant consacré à Geoffroy de Courcillon:
L'an de grace mil trois quatre vingt et quinze
Le mercredi vigile de St Simon et St Jude
Le vingt et septiesme d'octoubre
Fut Geoffroy de Courcillon enterré
En nostre abbaye de la Clarté
Pour lequel nous faisons à Dieu prière
Et pour tous ses amis
Que par la sainte grace pure et entière
A luy pleise les accompeigner en la joye de Paradis

Près de la chapelle Saint-Pierre, on voyait un tombeau, surmonté, comme celui  de Geoffroy de Courcillon, d'une statue représentant un chevalier armé de toutes pièces. Ce tombeau était celui de Jean d'Alluye. Sur la muraille, derrière le mausolée, était un bas-relief où figuraient un abbé et plusieurs religieux revêtus de leurs habits de chœur. La statue de Jean d'Alluye est conservée aujourd'hui au château d'Hodebert.
Il existait, dans la chapelle Notre-Dame, un caveau funéraire appartenant à la famille Royer. Il avait été construit par Pierre-Jean Royer, seigneur du Breuil et des Étangs, qui mourut à Paris le 20 juin 1646. Ce personnage, ainsi que sa femme, Marie Pelaut, morte en 1642, y furent inhumés.
André Lagogué et Jean de Vaux, abbé de la Clarté-Dieu, eurent leur sépulture près du grand autel, dans l'église abbatiale, le premier, mort le 30 juin 1525, du côté de l’Évangile; le second, décédé en janvier 1551, du côté de l’Épitre. Tous 2 étaient représentés sur leur tombe revêtus d'habits pontificaux.
L'église abbatiale contenait un grand nombre de figures sculptées qui ornent aujourd'hui l'église de Saint-Paterne, où elles furent transportées à la Révolution.
En 1762, l'abbaye avait un revenu de 7.600 livres environ. Elle possédait, dans la paroisse de Saint-Paterne, les métairies de la Ménardière, de la Cour, du Fougeray, de Beauvois, de Huppe-Loup, de la Porte, des Isembardières et du Fourneau; dans la paroisse de Saint-Christophe, les domaines de Sion, de Beaujeu, du Joncheray et de la Chevalerie; dans la paroisse de Saint-Aubin, la borderie de Triconnet, la closerie de l’Étang-Chopin, les métairies de Boisérard, de la Touche et des Grande et Petite-Vacherie; dans la paroisse de Saint-Antoine-du-Rocher, la métairie de la Placière. Des bois, d'une étendue totale de 167 arpents, appartenaient aussi au monastère.
L'abbaye et la ferme de la Cour qui en dépendait, furent vendues comme biens nationaux, le 3 juin 1791 et adjugées, pour 133.200 livres, à N. Chicoyneau de la Lavalette.

Abbés de la Clarté-Dieu:
  1. Regnaut, 1240, 1246.
  2. Jean, premier du nom.
  3. Hilaire.
  4. Jean, second du nom.
  5. Hugues, 1289, 1298.
  6. Odon, 1319.
  7. Guillaume.
  8. Henri, 1351, 1358.
  9. Pierre, 1378, 1380, 1390.
  10. Georges, 1399, 1402, 1406, 1411, 1416, 1418.
  11. Mathieu, 1432.
  12. Guillaume Michelet, 1441.
  13. Henri, 5 février 1442, 30 janvier 1443.
  14. Thomas Le Potier, est cité dans des actes du 19 mai 1450, 6 juillet 1461 et 1464.
  15. André Lagogué, évêque de Croyen 1464, 24 mai 1476, 1er août 1486, 9 juillet 1498, 1er octobre 1502, donna sa démission en 1506 et mourut le dernier jour de juin 1525.
  16. Jean Texier, 1506-1515.
  17. Jean de Vaux, 1515, donna sa démission en 1546 et mourut en janvier 1551.
  18. Étienne Poncher, chanoine de l'église de Tours, premier abbé commendataire (1541) et archidiacre d'outre-Vienne, évêque de Bayonne, archevêque de Tours, mourut le 15 mars 1552.
  19. Georges d'Armagnac, cardinal, archevêque de Tours (1547), archevêque de Toulouse (1565), puis d'Avignon (1577), mourut le 21 juillet 1585.
  20. Charles de Bourbon, cardinal, archevêque de Rouen, évêque de Beauvais, mourut le 9 mai 1590.
  21. Nicolas Tiercelin d'Appelvoisin, 1572, décédé le 10 août 1584.
  22. Pierre Menard, chanoine de Saint-Honoré de Paris.
  23. François Le Gouz du Plessis-Lionnet, aumônier du roi, mourut en 1618. Il était le fils de Urbain le Gouz, chevalier, seigneur de Plessis-le-Vicomte, et de Marie de Breil.
  24. Charles Bault de Beaumont prit possession en 1616. Il mourut en septembre 1633.
  25. Denis de Remefort, 1634, donna sa démission en 1656 et mourut le 19 mai 1662.
  26. Jean de Sazilly prit possession de l'abbaye le 13 novembre 1656. Il mourut le 18 août 1694.
  27. Valentin Hémard de Paron, chanoine du diocèse de Sens, 1694, prit possession en mai 1695.
  28. Henri de Betz, chevalier, seigneur de la Hartelloire, nommé le 27 novembre 1723.
  29. Odet-Joseph de Giry de Saint-Cyr, docteur en théologie, vicaire-général et official du diocèse de Tours, prit possession de l'abbaye le 27 avril 1733 et donna sa démission en mai 1749. Il mourut à Versailles le 13 janvier 1761.
  30. Nicolas Navarre, évêque de Sidon, vicaire-général de l'archevêché de Lyon, 1749, décédé le 25 septembre 1753.
  31. César-Laurent de la Coste, 1753, chanoine de l'église de Tours, nommé abbé de la Clarté-Dieu le 7 novembre 1753, mourut le 2 août 1785.
  32. René Sève, 1785-1790.
Prieurs de la Clarté-Dieu depuis 1466: Julien Creguillon, 1466; René Lussault, 1550; Claude du Juglart, 1660; Charles Dubois, 1689; François Esperon, 1691; Philibert Donet, 1698; Pierre Bory, 1717; François Esperon (ci-dessus nommé), 1730; Raymond Chevalier, 1746; François Trouvé, 1748; Jean-Baptiste Bressan, 1761, décédé le 28 octobre 1779, il fut inhumé dans l'église abbatiale; Augustin Chevalier, 1779, mort le 5 juin 1781; Claude Bourge, 1781; Lépine, 1785-1789.
L'abbaye de la Clarté-Dieu portait pour armoiries: Parti, au 1 d'azur, à 1 fleur de lis d'or; au 1 d'or; au lion de sinople, couronné et lampassé de gueule.
Armoiries du prieur, avant 1700: D'azur, à une fleur de lis d'or; parti, d'argent à un lion de gueules, couronné de sable. Depuis 1700: D'or, à une croix d'argent, cantonnée de quatre soleil de même.
L'abbaye constituait un fief relevant du château de Tours.
Près de la Clarté, on remarque plusieurs sources minérales, situées dans un bassin occupé jadis par des étangs, aujourd'hui desséchés. L'une d'elle avait une certaine renommée et guérissait, dit-on, les maladies d'estomac et la chlorose. A une autre, on attribuait le pouvoir de guérir les maux des yeux.

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