Loches - Les Montains

Historique du nom: La Jaille (1491, Archives de Loches, BB, 1491-1494), Fief de la Jaille, situé au clos des Montains (1722, Archives 37, E23), Montin (1826, Cadastre C1), Les Montains (1869, acte Guicestre/Beaulieu-lès-Loches), Les Montains (1962, Cadastre AV), Les Montains (2013, Carte IGN).
Ce fief relevait de la châtellenie de Sainte-Julitte, à foi et hommage lige, et 20 sols de loyaux aides. En 1491, il appartenait à Hector de la Jaille, chevalier, seigneur de la Motte de Nouâtre. Il était l'un des quatre fils de Pierre de la Jaille, seigneur de Marcilly, et se retrouva dans les environs de Loches par son mariage avec Raouline d'Azay. Il fonda, avec elle, une chapelle dans l'église de Ferrière-Larçon où il fut enterré, alors qu'elle fut inhumée dans celle de Saint-Flovier.
En 1722, le fief était la possession de Joseph Duriflé, conseiller du roi, lieutenant de la maréchaussée de Loches, au cause de sa femme Marie Guérin, veuve de Jean Guesbin, écuyer, seigneur de Rassay.
En mars 1729, Jacques Dalonneau, conseiller du roi, receveur des tailles en l'élection de Loches, était propriétaire des Montains qui avaient été saisis sur les héritiers Mahoudeau. Jacques Delonneau s'était marié, le 29 juillet 1716, avec Françoise Magdeleine de Baraudin, l'une des filles nées du second mariage de Louis de Baraudin avec Françoise Gabrot. Elle mourut à 80 ans, veuve depuis longtemps, le 31 décembre 1761. Dans un acte du 8 mai 1762, Jacques Louis de Baraudin, prêtre, chanoine au château de Loches, prieur commendataire du prieuré de Villiers, agissait tant pour lui que pour les co-héritiers de la Dame Dalonneau, sa tante. Des actes de 1764 et 1765 citaient Claire Félicité de Baraudin comme propriétaire des Montains. Après le décès de cette dernière, le chanoine de Baraudin resta seul propriétaire des Montains. Il fit son testament le 31 mai 1789 et mourut le 11 juin 1790. Son frère, Didier François Honorat, chef d'escadre des armées navales, chevalier de Saint-Louis, seigneur du Maine-Giraud en Angoumois, futur grand-père d'Alfred de Vigny, entra en possession de ses biens. Le 15 décembre 1790, il vendit, pour 10.687 livres, Les Montains à Marguerite Gadois de Mogé, veuve de Charles Joseph de Noyelle. Sa fille aînée, Marie Madeleine, avait épousé en secondes noces Mathieu Jacquier, baron du Soupat, capitaine d'infanterie des colonies. L'amiral, par l'intermédiaire de son frère, le 19 février 1779, avait constitué en leur faveur une rente annuelle de 300 livres au capital de 6.000 livres. Ce fut sans doute pour rembourser sa dette que Didier François Honorat de Baraudin céda Les Montains à Mme de Noyelle car celle-ci s'engagea à payer 3.000 livres à M. et Mme Jacquier. Sur le prix de la vente, une autre somme de 3.000 livres servit de garantie pour payer la rente de 150 livres que le chanoine de Baraudin avait léguée à sa cuisinière, Mme Poitou. Après le décès de celle-ci, ces 3.000 livres sont versées au ménage Jacquier. Donc, la vente de la propriété ne rapporta à Didier François Honorat de Baraudin que 4.687 livres.
Mme de Noyelle, née à Montréal au Canada, avait eu dix enfants dont cinq seulement vécurent. Après la mort de son mari qui décéda en 1767 après deux ans de séjour dans l'île de Gorée, elle regagna la France avec son dernier né, le futur bénédictin Henri François de Paule, baptisé à Saint-Ours le 29 septembre 1763. Elle vint s'établir à Loche, rue des Ponts, où sa fille et son gendre, M. Jacquier du Soupat, la rejoignirent après 30 ans au Sénégal. Sous la Terreur, Mme de Noyelle est incarcérée au château de Loches avec sa fille et son gendre dont le fils a émigré. Ce dernier, Jean Baptiste Joseph Jacquier, obtint du tribunal civil de Loches, le 18 octobre 1823, un jugement lui permettant d'ajouter à son nom celui de Noyelle. Il eut Les Montains après la mort de son frère Louis et de sa sœur Charlotte, décédée à Loche le 3 octobre 1848, qui en avaient hérité de leurs parents. Le 16 avril 1856, avec sa femme Marie Catherine Euphrasie Micheau du Meslier, il fit donation de la propriété à leurs trois petites filles mineures, avec le consentement de leur père, le comte de Sassenay. L'une devint, par la suite, la baronne de Massol, l'autre Mme de Nogaret et la plus jeune Mme de Bournazel. Toutes trois vendirent Les Montains, en l'étude de Me Guicestre à Beaulieu-lès-Loches le 22 juin 1869, pour 42.500 livres, à Daniel Wilson, propriétaire demeurant au château de Chenonceau qui, le 18 mars 1869 avait déjà acquis les bâtiments de l'ancien couvent des Cordeliers.
Le père de Daniel Wilson, prénommé comme lui, né à Glasgow en Écosse en 1789, était venu s'établir en France vers 1810. Après avoir débuté comme ingénieur au Creusot, il s'installa à Charenton où il créa en association avec M. Manby, une usine pour la fabrication des machines à vapeur, puis fonda une compagnie pour l'éclairage de Paris au gaz. De son mariage, en 1835, avec Henriette Casenave, il eut deux enfants auxquels il laissa à sa mort en 1849, 600.000 francs-or de rente annuelle. La fille, Marguerite, épousa en 1857 un administrateur de la compagnie du gaz, Philippe Pelouze. En avril 1864, le ménage acheta pour 850.000 francs le château de Chenonceau que Mme Pelouze entreprit de restaurer. Elle fut aidée dans cette œuvre par son frère Daniel, né à Paris le 6 mars 1840. Il y habitait en 1869 quand il décida de se consacrer à la politique et ce fut sans doute par des raisons électorales qu'il s'établit à Loches. Le 22 octobre 1880, il épousa Alice Grévy, fille du Président de la République. En mai 1892, il devint maire de Loches et le resta jusqu'en 1898. Il mourut le 13 février 1919 au château des Montains qui appartenait toujours à ses descendants en 1979.

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