La Riche - Saint-François

Historique du nom: Saint François (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), Le Séminaire (1808, Cadastre A2), Saint-François (1820, Carte de l'état-major), Saint-François (1962, Cadastre), Saint-François (2014, Carte IGN).
Cet ancien couvent fut fondé, en 1489, par saint François de Paule sous le nom de couvent de Jésus-Maria ou des Minimes du Plessis.
Le roi Louis XI, voyant sa santé fortement compromise, s'était imaginé que, s'il pouvait l'avoir près de lui, saint François de Paule, dont la réputation de sainteté s'était répandue en France comme en Italie, il lui serait possible d'obtenir du ciel, par l'intervention de ce pieux personnage, la prolongation de ses jours. Il chercha donc à l'attirer au Plessis-lès-Tours, où il résidait alors, et employa, pour arriver à son but, tous les moyens en son pouvoir. Ses vives insistances finirent par triompher des hésitations du saint religieux qui consentit à quitter l'Italie, en avril 1482, pour se rendre en France.
En apprenant le débarquement de François de Paule sur les côtes de Provence, le roi manifesta une grande joie. Il reçut les bras ouverts l'envoyé qui était chargé de lui apporter cette nouvelle et, comme témoignage de son contentement, il promit de lui accorder, quelle qu'elle fût, la grâce qu'il lui demanderait. L'envoyé, un nommé Jean Moreau, originaire de Saint-Pierre-des-Corps, ayant manifesté le désir d'obtenir un évêché pour son frère, Pierre Moreau, chanoine de Tours, le roi s'empressa de lui promettre le premier siège épiscopal qui deviendrait vacant et, de plus, il lui fit remettre, à l'instant même, 10 écus d'or.
Arrivé au Plessis, le 24 avril 1482, François de Paule s'établit avec deux de ses disciples, Jean della Rocca et Bernardin de Cropulatu, dans une maison située dans la cour basse du château. Le roi lui donna cette maison et la chapelle de Saint-Mathias.
Après la mort de Louis XI, le 30 août 1483, il constitua définitivement un couvent de son ordre en faisant venir d'Italie un certain nombre de religieux. Il reçut en don du roi Charles VIII, le lieu appelé La Bergerie, dépendant du château, et y commença la construction d'une église et de bâtiments claustraux. L'église, bâtie par Pierre Mahy, avait 78 pieds de longueur sur 30 de largeur. Achevée à la fin de l'année 1490, elle fut mise sous le vocable de Jésus-Maria. Il y avait deux chapelles, l'une dédiée à saint Jean-Baptiste, l'autre à Notre-Dame.
En 1531, Louise de Savoie, duchesse d’Angoulême, fit ajouter une seconde nef à l'église. Celle-ci fut encore agrandie, de 1622 à 1643. On y ajouta une nouvelle chapelle sous le vocable du Trépas de saint François. On reconstruisit, en lui donnant plus de développement, la chapelle de Notre-Dame. On décora cette chapelle d'un groupe exécuté par Antoine Charpentier et représentant le mariage de la sainte Vierge. Après la Révolution, ce groupe fut transporté à l'église de La Riche.
Les réparations faites dans l'église furent tellement importantes que l'archevêque de Tours crut devoir procéder à une nouvelle consécration. L'édifice fut béni le 26 avril 1643 et placé sous le vocable de l'Annonciation de la Sainte Vierge.
La construction du cloître, commencée en 1490, n'avait été terminée qu'en 1492. Elle coûta 7.419 livres.
Saint François de Paule mourut le 2 avril 1507 et fut inhumé le 5 du même mois dans la  chapelle de Saint-Jean-Baptiste. Trois jours après, Louise de Savoie fit exhumer le corps pour le placer dans un tombeau de pierre fermé par une dalle sur laquelle était gravée la figure du défunt. En 1630, pour le mettre à l'abri des inondations, on éleva ce tombeau de trois à quatre pieds. Il fut recouvert, à la même époque, d'une table de marbre portant cette inscription:
Ad hoc monumentum datum fuit corpus S. Franscici de Paula, 1507, die II aprilis. Concrematum vero, servatis quibusdam reliquiis, ab haereticis, anno 1562, cujus cineres et ossa hic jacent.
Autour de la tombe, on plaça une balustrade de marbre ornée d'une pyramide à chaque angle.
En 1562, le couvent fut ravagé par les protestants. On y comptait alors 25 religieux. Sachant que les Huguenots avaient formé le dessein d'envahir le cloître et l'église pour les saccager, la plupart des moines s'enfuirent et cherchèrent un refuge à Montgauger. Eustache Avril, ancien correcteur, âgé de 84 ans, François Cyret et un autre moine dont le nom est inconnu, restèrent seuls, attendant avec courage et résignation l'exécution des menaces de leurs ennemis. Les protestants, ayant à leur tête Marin Piballeau, sieur de La Bédouère, pénétrèrent dans le couvent, tuèrent le père Avril en le jetant par une fenêtre et blessèrent grièvement les autres religieux. Se répandant ensuite dans le cloître et dans l'église, ils mutilèrent ou pillèrent tout ce qui se rencontra sous leur main. Le corps de saint François de Paule, arraché de son tombeau, fut traîné à travers les cours, au moyen d'une corde qu'on lui avait attachée au cou, et jeté sur un bûcher composé de débris de croix et de meubles appartenant à la communauté. Dans le même moment, on ouvrit le cercueil de Frédéric d'Aragon, roi de Naples, mort au château du Plessis le 9 novembre 1504, et dont le corps avait été déposé dans l'église, près du grand autel. Les pillards s'emparèrent d'une couronne d'or, de bagues et autres ornements royaux, ainsi que du poêle de drap d'or qui recouvrait la bière; puis, prenant les ossements, ils les portèrent dans la chambre des hôtes, sur le bûcher où se trouvaient déjà ceux de saint François de Paule, et livrèrent ensuite le tout aux flammes. Un cultivateur, René Bédouet, demeurant au Fort-des-Boires, parvint à soustraire au feu une partie des ossements, à demi-calcinés, du saint, et les restitua aux religieux lorsque ceux-ci, quelques mois plus tard, purent rentrer dans leur couvent.
Plusieurs autres tombes, placées dans l'église, entre autres celles de Jean de Baudricourt, maréchal de France, mort le 11 mai 1499; de Charles du Soulier, comte de Morette, ambassadeur du duc de Savoie, décédé le 1er mars 1553; et de Bernard de Verdevia, confesseur de la reine Éléonore, femme de François Ier, furent aussi violées et pillées par les protestants.
En 1565, Charles IX donna au couvent une somme de 2.000 livres pour réparer les dégâts qui avaient été commis. A la même époque, on plaça dans la chambre des hôtes un tableau représentant le pillage du monastère par les Huguenots.
Trois ans après, le cardinal de la Rochefoucauld, abbé de Marmoutier, donna aux religieux du Plessis une châsse pour y déposer les reliques de saint François de Paule, sauvées par René Bédouet. L'inscription suivante fut gravée sur une lame de vermeil attachée à cette châsse:
Dei divique Francisci a Paula honori et cultui, admodum generosus dominus Joannes de la Rochefoucaud, abbas meritissimus Majoris monasterii sua summa et pervulgata pietate me dicavit, anno 1582.
Vers 1630, on creusa dans la chapelle du Trépas de saint François un caveau funéraire où furent inhumées, jusqu'en 1754, une vingtaine de personnes, parmi lesquelles on remarque: Françoise Fouquet de Marcilly, femme de Gilles de Saint-Gelais de Lusignan, décédée le 16 mars 1631; Gilles de Saint-Gelais de Lusignan, marquis de Balon et de Lansac, seigneur d'Azay-le-Rideau, mari de la précédente, tué au siège de Dole, le 30 juillet 1636; le marquis de Croissy (19 février 1667); Jacques Delaunay, provincial des Minimes (23 septembre 1717); Jean Soulas, religieux du Plessis (11 septembre 1729); Jacques Itier, provincial des Minimes (5 mai 1754).
Dans le cloître se trouvait une chapelle dédiée à la sainte Vierge et à saint François et qui avait été fondée, le 8 août 1534, par Jacquette Maulandrin, femme d'André d'Alesso, neveu de saint François de Paule. Elle devint un but de pèlerinage très fréquenté. Par lettres du 8 juillet 1550, l'archevêque de Tours accorda cent jours d'indulgence aux fidèles qui la visiteraient. André d'Alesso y fut inhumé en 1562. François d'Alesso, vicaire provincial des Minimes, décédé le 20 août 1551, Marin d'Alesso, chanoine de Saint-Martin de Tours, mort en 1580, et Louise Le Clerc de Boisrideau, fille de Jean Le Clerc, maître d'hôtel du roi, y eurent aussi leur sépulture.
Dans une verrière placée au pignon de la chapelle, la fondatrice et son mari étaient représentés, à genoux, et ayant derrière eux leurs enfants. Les armoiries des d'Alesso et des Maulandrin étaient reproduites sur l'un des vitraux.
Les religieux veillèrent avec un soin tout particulier à la conservation de la chambre qui avait été occupée pendant plusieurs années par saint François de Paule, avant la construction du couvent. En 1652, ils la firent restaurer et la transformèrent en une chapelle qui fut consacrée, le 28 avril 1656, par Joseph du Plessis, provincial de Touraine.
La salle dite des hôtes, où le corps de saint François avait été brûlé par les protestants, a été détruite en 1845.
Le revenu des religieux de Saint-François était de 3.000 livres en 1669, de 5.900 livres en 1730, de 8.600 livres en 1790.
Le couvent possédait les domaines suivants: la moitié des fiefs de La Chaumelière, de Rellinière et du Paillé réunis, consistant en cens et rentes perçus dans les paroisses de Saint-Rémy, de Leugny et de Buxeuil, et qui relevaient du fief de La Chèze-Saint-Rémy. Cette moitié de fiefs leur avait été léguée, le 10 septembre 1534, par Raoul Robert, avocat du roi au siège présidial de Tours; la métairie de Rouzou, paroisse de Vallères, acquise à Martin Portays, le 23 juillet 1643; la closerie de Montplaisir, paroisse de Joué, acquise, le 10 février 1714, à Nicolas Babin, avocat à Tours; la métairie de La Brosse, paroisse d'Esvres; la métairie des Petits-Montils, paroisse de La Riche, achetée pat les religieux à Marguerite Aubert, veuve de Jacques Boullaye, le 11 août 1644; la closerie de La Vindrinière, paroisse de Saint-Cyr, acquise à Pierre de Guéret, le 15 septembre 1653; la closerie du Fouteau, paroisse d'Azay-sur-Cher, achetée par décret, le 19 février 1613, sur François Couturier, vicaire de Saint-Martin; la métairie de La Métrasse, paroisse de Saint-Genouph; La Grange-David, paroisse de La Riche.
Les Minimes étaient aussi propriétaires de la closerie du Petit-Taffoneau, ou La Trémerie, paroisse de Chissay. Ce domaine leur avait été cédé, par échange, le 27 janvier 1635, par Isaac Frezeau. Il était chargé d'une rente qui avait été léguée, le 27 mars 1623, par Mme de Sourdis, pour l'entretien d'une lampe qui devait brûler jour et nuit devant l'autel de saint François de Paule. Par acte du 6 octobre 1646, le marquis de Sourches donna, pour l'entretien de la même lampe, une rente de 20 livres.
En 1790, Charles-Guy Feuillet fut le dernier supérieur de ce couvent.
Le 17 juin 1791, l'église et les bâtiments claustraux vendus comme biens nationaux, furent adjugés au sieur de la Grave, pour 40.300 livres. L'église fut démolie peu de temps après. Par acte du 21 juin 1795, la propriété fut achetée par le sieur Goislart de la Droitière. En 1807, elle était passée aux mains de l'abbé Douillard, directeur du Séminaire de Tours, qui la vendit à l'abbé Pierre-Daniel Le Guernalec de Keransquer, vicaire général du diocèse. Celui-ci, par son testament du 16 juillet 1813, la légua au Séminaire de Tours.
De 1838 à 1843, il y eut, à Saint-François, un orphelinat qui avait été fondé par l'abbé Pasquier.
Au début de l'année 1877, par ordre de Mgr l'archevêque de Tours et sous la direction de MM. Guérin, père et fils, des fouilles furent faites pour rechercher le tombeau de saint François de Paule. Ces fouilles ont amené la découverte de la fosse dans laquelle le corps du saint fondateur des Minimes fut déposé, le 5 avril 1507, et où il resta pendant trois jours.
Sur l'emplacement de l'ancienne église, on a commencé, en mai 1877, d'après les plans de MM. Gustave et Charles Guérin, la construction d'une chapelle consacrée à saint François. La première pierre a été posée le 4 mai, par Mgr Colet, archevêque de Tours. On a déposé dans les fondations un tube de verre renfermant des médailles du pape Pie IX, de saint François et de saint Martin, et un parchemin portant cette inscription:
L'an de grâce mil huit cent soixante-dix-sept, le quatre mai, jour anniversaire de la canonisation de saint François de Paule, le Souverain-Pontife Pie IX régnant, Monseigneur Charles-Théodore Colet étant archevêque de Tours, fut posée la première pierre de ce monument élevé sur le tombeau de saint François de Paule, en présence de Monseigneur l'archevêque de Tours, d'un nombreux clergé et des fidèles venus en pèlerinage.
Le couvent des Minimes du Plessi portait pour armoiries: D'azur, au mot charitas, d'or; les trois syllabes posées l'une sur l'autre; le tout enfermé dans un cadre ovale, rayonnant, aussi d'or.

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