Historique du nom: La Tour du Raynier ou La Giraudière (1447, Archives 86, D171), La Tour du Raynier (1599, 1611, Archives 86, D172), Le fief de la Tour du Regnier (1639, Rôle des fiefs de Touraine, rôle de Chinon), La Tour du Raynier (1770, Archives 37, E156), La Tour du Raynier (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), La Tour de Ragnier (1820, Carte de l'état-major), La Tour de Ragnier (1836, Cadastre A1), La Tour du Raynier (1884, acte Pélisson/L’Île-Bouchard), La Tour de Ragnier (1933, Cadastre A1), Château de la Tour de Ragnier (2013, Carte IGN).
Ce fief relevait du prieuré Notre-Dame de Loudun. En 1639, il avait un revenu annuel de 25 livres. L'histoire de ce domaine est surtout celle d'une famille venue du Piémont au milieu du XVe siècle dont l'un des membres, Dimanche du Raynier, se maria avec Perrine de Maillé. Celle-ci était apparentée avec Guillaume Bélier, capitaine du château de Chinon en 1429 et dont la femme prit soin de Jeanne d'Arc dans la Tour du Coudray. Perrine, fille de Jacques de Maillé, seigneur de Cravant, par suite de la mort d'un frère, hérita de plusieurs terres dont La Giraudière qu'elle apporta à son mari qui en fit rebâtir la demeure qui porta alors son nom: le Tour du Raynier. Capitaine de la Grande ordonnance avec commandement de 100 lances, Dimanche du Raynier fit preuve de courage au siège de Vannes comme en témoignent des lettres royales adressées à la Trémoille en 1480 et 1481. Il devait être ensuite maître d'hôtel de Charles VIII qui intervint en sa faveur au cours d'un procès qu'il avait intenté à l'évêque de Poitiers, Hugues de Combarel. Ses descendants se succédèrent en ces lieux durant près de trois siècles.
Son fils aîné, Lancelot du Raynier, qui lui succéda, se maria avec Antoinette de Mathefelon. Le partage de sa succession opposa violemment deux de ses fils, Gabriel, seigneur de La Dorée, et François, seigneur de La Tour du Raynier, au sujet d'un moulin situé entre cette seigneurie et Chezelles. Cette petite guerre, qui fit mort d'homme en 1556, n'eut pas de suite grave pour ses auteurs qui obtinrent cette même année des lettres de rémission du roi. En 1561, Jean de Daillon, comte du Lude, abandonna à titre gracieux les droits de rachat dus pour la seigneurie de Bray par suite du mariage de François du Raynier avec Yolande de la Jaille. François, qui mourut en 1575, en eut de nombreux enfants dont Dominique qui posséda La Roche-Ramé en 1600. L'aîné, Lancelot, second du nom, chevalier de l'ordre du roi, fut un partisan de la Ligue. Henri IV lui confisqua ses biens mais, vite rentré en grâce, il les récupéra. Décédé au cours d'un voyage, à l'hostellerie Notre-Dame de Château-Gontier, son corps fut embaumé et inhumé dans l'église de ce lieu le 7 mai 1607. Son coeur fut transporté en la chapelle de La Roche-Ramé. Le 10 août 1583, il s'était uni à Jeanne Barreau qui se remaria avec Pierre de Vasselot.
Dimanche du Raynier, l'un de ses quatre enfants, n'eut que deux filles: Marie (ou Marguerite) qui se maria, le 5 janvier 1642, avec Louis de Tusseau, baron de Maisontiers, à qui elle apporta La Tour-du-Raynier, et Louise, femme de Jean de la Rochebeaucour, demeurant à Chinon, paroisse Saint-Maurice. Ces derniers eurent Françoise qui épousa Jacques Dreux, gentilhomme de la Chambre du roi, qui fut en procès, à propos de fief de La Tour, avec les Jésuites de Poitiers en 1660. Le ménage eut une fille, aussi prénommée Françoise, née à Chinon le 2 juillet 1652 qui apporta La Tour-du-Raynier à son mari, Charles Odart, chevalier, épousé le 30 octobre 1668. Elle lui donna huit enfants dont deux se marièrent en l'église Saint-Ours de Loches: Françoise, le 9 juillet 1692, qui s'unit à Gabriel Dallonneau, seigneur du Plessis-Guiot, Le Pin, Le Fresne, La Roche-Saint-Paul, conseiller du roi, président lieutenant général et commissaire examinateur au bailliage et siège royal de Loches. Le 13 avril 1723, ce fut Jacques Odart qui épousa Marie Bretonneau, fille de Pierre Bretonneau, avocat au Parlement et greffier en chef de l'élection de cette ville. A cette époque, Charles Odart était mort et, le 15 septembre 1724, Françoise Dreux décéda à son tour.
Jacques Odart et Marie Bretonneau, qui eurent trois enfants baptisés à Loches en 1724, 1726 et 1734, étaient dits seigneurs de Grandvaux, paroisse de Saint-Ours, où ils habitaient quand ils vendirent La Tour du Raynier pour 9.000 livres, le 9 mai 1750, à son frère Claude Henri Odart, chevalier, seigneur de Prézault et de Rilly.
Le 7 août 1803, les petits-fils de celui-ci, Henry Louis Odart de Rilly, propriétaire de Beauregard, avec son frère Alexandre Pierre Odart de Rilly, cédèrent le domaine, avec diverses autres pièces de terre, pour 26.600 francs, à Claude Madeleine Moisant, veuve de Jean Louis François Bouin de Noiré, conseiller du roi, lieutenant général aux bailliage et siège royal de Chinon, épousé le 24 avril 1758. Elle comparut par fondé de pouvoir à l'assemblée électorale de la noblesse de Touraine, en 1789, en tant que dame de Chezelles. Sa fille Madeleine, qui s'était mariée à Benoît Jean Gabriel Armand de Ruzé, comte d'Effiat, maréchal de camp et armées du roi, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, était morte à Aix-la-Chapelle en mai 1792. Ce fut donc son petit-fils, Armand Ruzé, marquis d'Effiat, qui hérita de ses biens vers 1831. Avec sa femme, Charlotte Barbe Alexandrine de Mondion, il donna en dot la terre de Chezelles à son parent au dixième degré, Henri Louis, baron de Dujon, au contrat de mariage de celui-ci avec Joséphine Léonie Vau de Rivière qu'il épousa le 10 mai 1859. Le domaine s'étendait sur les communes de Verneuil-le-Château, de Chezelles et de Luzé et comprenait: le château de Chezelles, les métairies du Bas de Chezelles, du Gué de Chezelles, de La Louzillère, de La Fuye, de La Gachetière, de La Cour de Verneuil, du château de Verneuil, du Puy Blanc, de La Tour du Raynier, du Palleteau, de La Varice, les moulins de Verneuil et du Tirot. Mais les donataires s'étant réservé le droit de retour, la mort du baron de Dujon leur permit de récupérer tous ses biens. Armand Ruzé d'Effiat décéda à Chezelles le 7 septembre 1870, laissant un testament accompagné de 38 codicilles et, quelques semaines plus tard, le 22 novembre, sa femme disparaissait à son tour. Tous deux laissaient pour légataire universel Louis Philippe Geay de Montenon, époux de Constance Marie Thérèse Dujon. Quatorze ans plus tard, quand leur nièce Marie Thérèse Dujon s'unit à Charles Eynard, comte de Monteynard, elle apporta la terre de Chezelles dont dépendait La Tour du Raynier, par son contrat de mariage passé devant Me Pélisson, notaire à L'Île-Bouchard, le 14 février 1884. Par succession, la famille de Monteynard garda La Tour du Raynier jusqu'en 1968, où le 19 août, elle la vendit à M. Simonneau.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire