Ce lieu s'est appelé: Baugezeyo (1153,
Gallia Christiana), Baugezeis et Baugeseium (1173), Balgezeium (1200),
Beaugerais (XVIIIe siècle, carte de Cassini), Baugerais (XXe siècle,
carte IGN).
Au début du XIIe siècle, un prêtre nommé
Barthélemy et 4 chevaliers de Touraine, Renaud de Sennevières,
Ulric de Châtillon, Archambaud d'Argy et Guillaume de Montrésor, étant
sur le point de partir pour la terre sainte, donnèrent le lieu de
Baugerais et d'autres terres voisines à Serlon, abbé de Sainte-Barbe, en
Normandie, pour y construire un monastère de chanoines réguliers. Cette
fondation fut approuvée par Henri II, roi d'Angleterre, et par
Engebault, archevêque de Tours qui, en même temps, exempta le domaine de
tous les droits que son archevêché pouvait y avoir. Mais l'abbé Serlon
ne s'étant pas mis en mesure de remplir les volontés des donateurs,
Henri II, roi d'Angleterre, par lettres délivrées à Beaulieu, près
Loches, fin don de Baugerais à l'abbaye du Louroux,
en Anjou, pour établir un couvent de l'ordre de Citeaux. Barthélemy,
archevêque de Tours, confirma cette seconde fondation, et maintint les
religieux dans la possession des privilèges qui leur avaient déjà été
accordés par ses prédécesseurs. L'église, immédiatement construite, fut
placée, comme tous les monastères de cet ordre, sous le vocable de la
sainte Vierge; l'archevêque la consacra en 1184. Au bout de quelques
années, pour des causes qui ne sont pas indiquées dans les chartes de
l'époque, on la remplaça par un autre édifice, dont la dédicace eut lieu
en 1209.
Grâce à la libéralité des seigneurs du
pays, les domaines et les revenus du monastère s'augmentèrent rapidement
et considérablement. Parmi les bienfaiteurs de Baugerais, de 1200 à
1259, on remarque Archambaud d'Argy; Josbert, seigneur de La Guerche;
Josbert, seigneur de Sainte-Maure, de Pressigny et de Nouâtre; Geoffroy
d'Aubigny; Geoffroy de Palluau, seigneur de Montrésor; Geoffroy,
seigneur de Buzançais; Guillaume de Varennes; Sulpice, seigneur
d'Amboise; Hélie de Grillemont; Renaud Brizehaste, chevalier; Guillaume,
seigneur de Sainte-Maure; Raoul de Pressigny; Guillaume de la Poste,
seigneur de Saint-Jean; Dreux de Mello, seigneur de Loches; Jouffroy de
Palluau, seigneur de Montrésor et de Luçay. Pierre Barbe, chevalier et
Jouffroy de Brenne, seigneur de Mézières.
Une de libéralité les plus importantes
fut celle d'Archambaud d'Argy, qui donna à l'abbaye la terre de Donjon,
située dans la paroisse de La Chapelle-Saint-Hippolyte et qui relevait
alors de Robert, seigneur de Buzançais.
Au temps de la domination anglaise en
Touraine, le monastère et ses dépendances furent plusieurs fois pillés.
Les religieux tombèrent dans un tel état de misère que la Cour de Rome
dut les dispenser de payer aucune taxe pendant un assez grand nombre
d'années. Les ressources qu'ils reçurent par la suite leur permirent de
réparer leur abbaye et de reconstruire les bâtiments de leurs métairies
qui avaient été incendiés.
Au XVIIe siècle, ils possédaient une
ferme située à Biard, paroisse de Céré; celle de Donjon, dont nous avons
déjà parlé, les métairies de La Penotière, de La loge, de La
Juberdière, de La Cour, de L'Hirondelle, dans la paroisse de Loché; les
fief et métairie de Douince, paroisse de Villedômain; la ferme de
Saint-Paul, paroisse de La Chapelle-Saint-Hippolyte; la métairie du
Petit-Baugerais, paroisse d'Argy; la dîme de Marolles, paroisse de
Genillé; le moulin de Baugerais et une assez grande étendue de bois,
près de l'abbaye.
En 1762, le revenu de Baugerais était de 7.300 livres.
L'église et les bâtiments conventuels
qui avaient été réparés au début du XVIe siècle, par l'abbé Guillaume
Sauvage, en 1627, par l'abbé de Marolles et, en 1677, par l'abbé Brunet,
furent vendus à la Révolution et démolis presque aussitôt. On
remarquait dans l'église le tombeau d'un membre de la famille
Boucicault. D'après la tradition, ce monument funèbre aurait été détruit
vers 1789, par un prieur, en faisant exécuter des travaux de
recarrelage. Les ossements trouvés dans un cercueil de plomb furent
déposés dans une fosse creusée à l'une des extrémités de l'église. Le
cercueil aurait été fondu.
L'abbaye était jadis pourvue de
fortifications dont Charles VII avait autorisé la construction par
lettres données à Loches le 23 août 1428. Par d'autres lettres, le même
roi nomma Jean de Prie capitaine de cette forteresse.
Dans la cour du monastère et à une
petite distance de l'église abbatiale, il y avait une chapelle placée
sous le vocable de saint Jean et qui fut réparée en 1677.
L'abbaye constituait un fief relevant du château de Loches.
Abbés de Baugerais:
Jean Ier, 1173-1193; Lisiard, 1200; Robert Ier, mort le 21 juin 1208;
Robert II, 1208, décédé le 13 juin 1324; Michel, 1224, mort en septembre
1229; Arnoud, 1229-1231; Philippe, 1243-1255; Grégoire, 1265; Hamelin,
1268-1283; Robert, archiprêtre de Loches, 1293; Raoul, 1294-1297; Denis,
1309, mort le 2 décembre 1322; Boniface de Rey, professeur de
théologie, passa à l'abbaye de Trizay
en 1351; Mathieu de Loches, élu le 11 février 1351; Jean II, 1367,
décédé en 1390; Georges, 1390-1395; Raoul Appert, 1405-1410; Jean de
Sorbiers des Pruneaux, 1422; Jacques Chauvet, 1438, décédé le 6 juin
1455; Jean de Mainfaim, 1455, mort en 1472; François des Aubus, premier
abbé commendataire, 1473, mort en 1482; Jean de Quédillac, abbé de
Saint-Julien de Tours, 1483-1486; Pierre Chabot, 1486, décédé en 1500;
Guillaume Sauvage, 1500; Jean Gigault, 1513-1517; Guillaume Sauvage
(ci-dessus nommé), 1517-1537; René Sauvage (neveu du précédent), 1545,
mort en 1552; Claude de la Rue, licencié en droit, conseiller au présidial
de Tours, 1552, se fit protestant en 1560; Gilles Quinault, abbé de
Saint-Genouph, prieur de Châtillon-sur-Indre, maître des requêtes de la
reine-mère et aumônier de Saint-Julien de Tours, 1587; Martin Ferret; Philippe du Bec,
évêque de Nantes; Gilles Quinault (ci-dessus nommé), mort à Tours le 25
avril 1592, son corps fut transporté à Châtillon-sur-Indre; Georges de
Sorbiers des Pruneaux, 1592, démissionnaire en 1609, mort en 1610; Michel de Marolles,
abbé de Villeloin, nommé le 9 mars 1609, prit possession le 28 novembre
1610, il mourut le 6 mars 1681; Joseph Brunet, docteur de Sorbonne,
conseiller et aumônier du roi, 1682, décédé le 12 mars 1720;
Étienne-Suzanne-Nicolas de la Châteigneraie, nommé le 14 août 1700, mort
en 1724; Augustin-Armand Frizon de Blamond de Belleval, chanoine de
l'église de Reims, 1724-1773; Simon Fremyn de Fontenilles, chanoine et
chantre de l'église de Reims, 1773-1790.
Voici les noms de quelques prieurs:
François de Gobillon, 1646; Florent Bruneau, 1651; Philibert Berby,
1677; Pierre Renault, 1689; Claude de Guy de Labergement, 1698;
Joseph-Auguste Richard, 1700; Jean Godrau, 1705; Jean-Baptiste Plonçon,
1784.
L'abbaye de Baugerais portait pour armoiries: D'azur, à 3 fleurs de lys d'or, 2 et 1.
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