Yzeures-sur-Creuse - Thais

Historique du nom: Taix, Thays, Thais (XVe siècle), Taye (1488, Archives nationales, JJ219), Thays sur Creuse (1639, Rôle des fiefs de Touraine, rôle de Preuilly), Thais ou Thaix (XVIIIe siècle, Archives 37, C336, C603, C631), Thaix (1772, Archives 37, E220, E223, E319, E338), Taye (XVIIIe siècle, Carte de Cassini), Thais (1811, Cadastre), Taye (1820, Carte de l'état-major), Thais (1955, Cadastre), Thais (2013, Carte IGN).
Cette châtellenie relevait du château de Tours et du château d'Angles. Le château n'existe plus depuis le XVIIIe siècle. A la fin du XIXe siècle, on voyait encore quelques restes des fondations sur une éminence au pied de laquelle passent la Creuse.
Ce lieu fut le berceau de la famille de Thaix. Les possessions de cette maison, une des plus anciennes de Touraine, étaient très importantes. Elles comprenaient, outre le fief de Thaix (qui valait 51 livres en 1639), ceux de Jutreau et de Marigny, la plus grande partie du territoire situé entre Yzeures et la commune de Néons-sur-Creuse (Indre), et le fief de Thaïs, paroisse de Sorigny.
Un aveu rendu le 9 novembre 1627, à la baronnie d'Angles, nous apprend que les châtelains de Thais jouissaient du droit de haute justice, dont l'usage seul atteste de l'importance du fief, et de celui de fondation, augmentation et prééminence en l'église N.-D. d'Yseures, avec litres, écussons et armes timbrées, au dedans, en dehors et tout autour de l'église.
L'exercice de ces droits donna lieu à un grand procès, en 1776, entre François-Antoine de Mallevaud, châtelain de Thaix, Martial-Louis de Beaupoil de Saint-Aulaire, évêque de Poitiers, baron d'Angles, et Jean-Samuel, marquis d'Harembure, ces derniers co-demandeurs. Cette affaire nécessita des recherches dans le chartrier de Thaix ainsi que dans les archives du château d'Angles et de l'évêché de Poitiers. On découvrit alors une multitude de pièces historiques de grand intérêt.
Le nom patronymique des premiers seigneurs connus de Thaix est Gédouin. Un aïeul de Jean de Thaix (vainqueur, en 1544, de la bataille de Cérisoles sur les armées d'Espagne), favori de François Ier, et un de ses plus habiles négociateurs, signait Gédouin. Quelques quittances du temps de Louis XI offrent la signature de Thaix, mais ce sont des exceptions. Peu d'années avant la révolution de 1793, on voyait aux archives généalogiques de la maison de Néons, un titre d'un militaire avec la signature royale François et plus bas Gédovin.
On trouve, dès 1344, un Méry Gédouin, chevalier, seigneur de Thaix, qui fournit le dénombrement de sa châtellenie au baron d'Angles. Son frère, Raymond, était conseiller au parlement de Paris en 1368.
Pierre Gédouin, fils de Méry, et comme lui seigneur de Thaix de Jutreau et de Marigny, ces deux dernières terres situées entre Thaix et Yzeures, rendit foi et hommage en 1369. Il eut deux enfants, dont l'un, Jean, châtelain de Thaix, obtint rémission avec Renand Bezille, au mois de décembre 1376, pour avoir, pendant les troubles que les roturiers émeurent contre la noblesse, couru sur eux, et en avoir défait et tué plusieurs.
De Jean, qui était l'aîné, est issu Pierre Gédouin, chevalier, seigneur de Thaix, de Jutreau et de Marigny, mentionné dans un acte de 1409. Deux aveux, l'un fait en 1420, l'autre en 1452, nous révèlent l'existence d’Étienne Gédouin, fils de Pierre et père d'Hector Guédouin, seigneur de Thaix et de Jutreau, qui renouvela l'hommage de ces fiefs en 1458.
Jacques Gédouin, fils d'Hector, seigneur de Thaix, Jutreau, La Boissière, Marigny, etc..., conseiller et chambellan du roi, alla en l'île de Rhodes, par ordre de Louis XI, en février 1464. On a de lui des quittances dans lesquelles il est qualifié de conseiller du roi et qui portent les dates des 12 mars 1479, 19 août 1481 et 22 juin 1482. Elles sont signées: Tays. Il épousa Françoise d'Aloigny, dame de Sepmes, en Touraine, fille de Galeaud d'Aloigny, seigneur de La Groye et d'Ingrandes, gouverneur de Châtellerault, et de Marie de la Touche d'Avrilly. De ce mariage sont issus, entre autres enfants, Étienne, Madelon, Méry ou Aymery, et deux autres du nom de Jean. L'un de ces derniers est Jean Gédouin, pannetier du roi François Ier, en 1529, chevalier de l'ordre du roi, capitaine de 50 hommes d'armes, gouverneur de Loches, maître de l'artillerie de France, et colonel-général de l'infanterie française. Disgracié, puis destitué de sa charge de grand-maître de l'artillerie, pour avoir, suivant un mémoire contemporain, tenu quelques propos légers sur les intimités de la duchesse de Valentinois avec le maréchal de Brissac, Jean Gédouin de Thaix repris du service comme simple capitaine et fut tué au sièges de Hesdin, en 1553. Son corps fut rapporté en Touraine et déposé dans l'église de Sepmes, par les soins de son parent, Louis Brossin.
Les enfants de Jacques Gédouin procédèrent, le 30 juin 1502, au partage de l'héritage paternel. Thaix échut à Étienne, Jutreau à Jean Gédouin et Marigny à Jean de Thaix. L'acte ne fait pas mention de Madelon, ni d'Aymery, bien que l'un et l'autre aient certainement possédé successivement la châtellenie de Thaix. Le premier rendit hommage de ce fief à l'évêque de Poitiers en 1511.
Aymery Gédouin, chevalier, seigneur de Thaix et de Sepmes, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et chevalier de son ordre, comparut à la rédaction de la coutume de Touraine. De son mariage avec Françoise de la Ferté il eut René Gédouin; Jeanne, qui fut mariée, le 21 avril 1529, à Louis Brossin, chevalier, seigneur de Méré en Poitou, gouverneur du château de Loches, et auquel elle porta en dot la terre de Sepmes; et Charlotte, qui épousa René de Sanzay et eut la terre de Thaïs, paroisse de Sorigny.
René Gédouin, châtelain de Thaix, mourut avant 1582. A cette époque, sa veuve rendit hommage à l'évêque de Poitiers, pour les terres de Thaix et de Jutreau, au nom de son fils unique, Pierre. Ce dernier, devenu majeur en 1599, vendit la terre de Thaix à Philippe de Périon.
La maison Gédouin de Thaix portait: d'argent à deux fasces d'azur. Ses armoiries se voyaient encore en 1770 au-dessus de la principale porte d'entrée de l'église d'Yzeures, à la clef de la première voûte de la nef, du côté de l'autel, sur un tableau conservé dans la chapelle de Marigny et aussi au-dessus du château de Jutreau.
La maison de Périon est originaire de Preuilly où le nommé Jehan Périon, ou Péryon, remplissait, en 1558, les fonctions de bailli.
Jehan de Périon rendit hommage au seigneur de Chanceaux, le 13 mars 1558, pour sa terre de La Caillère, située dans la paroisse de Chaumussay. Son fils, François Périon, renouvela cet hommage en 1584. Il fut père de Philippe de Périon, seigneur de Thaix.
Outre la châtellenie de Thaix, Philippe de Périon possédait les fiefs de La Petite-Caillère et La Grande-Caillère, de L'Aunaye, de La Rivaudière, la vicomté de Grouin et la terre de Ports. Il mourut en 1649 et fut enterré, dans un cercueil en plomb, dans l'église d'Yzeures. En 1770, il était de tradition, dans le bourg, que son cercueil fut exhumé par un prieur avide qui en vendit le plomb.
Louis de Périon, fils unique et héritier de Philippe, prenait les titres de seigneur de Thaix, L'Aunaye, La Rivaudière, marquis de Ports et vicomte de Grouin. Des actes d'hommages venant de lui datent de 1659, 1660, 1663. Peu de temps après cette dernière date, il mourut. Jean et Marie, ses enfants, furent alors vivement poursuivis par le curé et la fabrique d'Yzeures, à l'effet d'exécuter les fondations et testament de leur père et aïeul, de 1648 à 1659. Ils transigèrent en novembre 1683. Mais alors des dettes contractées par Louis de Périon s'étant révélées, la terre de Thaix fut saisie réellement. L'adjudication du décret fut faite le 16 mai 1719 seulement, au profit de Jacques Huet, avocat au parlement, qui céda la terre de Thaix, en 1737, à Claude Benoît de Genault. Celui-ci la vendit, vers 1740, à Jean-Félix Cantineau, comte de Commacre. Marie-Adélaïde-Henriette, fille de ce dernier, lors de son mariage, contracté en avril 1759 avec Gabriel d'Arsac, marquis de Ternay, eut en dot la châtellenie de Thaix.
Gabriel d'Arsac, marquis de Ternay, seigneur de Thaix et de Marigny, né au château de Ternay, au Loudunois, le 15 novembre 1721, se trouva à la bataille d'Ettinghem (1743), où il fut fait prisonnier. Depuis, il fut chevalier de Saint-Louis et capitaine dans l'armes des dragons. Il mourut à Londres en 1796.
Par acte du 30 mars 1772, il avait vendu son fief de Thaix à François-Antoine de Mallevaud, qui en prit possession le 15 avril 1772.
François-Antoine de Mallevaud, chevalier, seigneur de Thaix et de Marigny, lieutenant général du Dorat et de la maréchaussée de la Basse-Marche, eut plusieurs enfants de son mariage avec Charlotte-Marguerite du Peyron: François-Henri-Charles, chevalier de Saint-Louis, ancien officier des chasseurs de Hainaut, ancien page de la reine épouse de Louis XVIII, né le 17 février 1771; N. de Mallevaud, mort en émigration; et trois filles, mariées, l'une à M. du Peyron-de-Saint-Hilaire, l'autre à M. Baret de Rouvray, la troisième, Marguerite-Anne, à François-Denis Dexmier, marquis de Chenon.

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