Historique du nom: Nuchario (1045, Cartulaire de Noyers, charte 13), Villa de Nuchario (1082, Cartulaire de Noyers, charte 101), Vicus qui dicitur Nucharius (1085, Cartulaire de Noyers, charte 130), Noyers (XIIIe siècle, Carte de Cassini), Noyers (1820, Carte de l'état-major), Noyers (1827, Cadastre de Noyers), Noyers
(1933, Cadastre), Noyers (2013, Carte IGN).
Cette ancienne commune fut réunie, par ordonnance royale du 8 avril 1832, à celle de Nouâtre. En 1821, sa population comptait 205 habitants. Le plan cadastre, dressé par Delaunay, a été terminé le 3 mars 1827.
Noyers dépendait de l'archidiaconé d'Outre-Vienne et était le chef-lieu d'un doyenné composé des paroisses d'Argenson, Chezelles, La Celle-Saint-Avant, Maillé, Noyers, Nouâtre, Rilly-sur-Vienne, Verneuil-le-Château, Luzé, Marcilly-sur-Vienne, Ports-sur-Vienne et Ponçay.
L'église paroissiale était placé sous le vocable de saint Jean.
Maires de Noyers: Pierre Cantault, 1801, 29 décembre 1807, 14 décembre 1812; Pascal Lebert, 27 octobre 1830.
Abbaye de Noyers: Elle fut fondée, au début du XIe siècle, par un chevalier nommé Hubert qui acheta, dans ce but, à un autre chevalier nommé Malran, une petite église située à Noyers et qui était dédiée à la sainte Trinité et à Notre-Dame. Cette fondation fut approuvée par Foulque Nerra, comte d'Anjou, et par le roi Robert (vers 1031). La construction de l'église abbatiale fut achevée l'année suivante. L'abbé Bourassé a décrit cet édifice, au XIXe siècle, dans une de ses notes:
L'église abbatiale de Notre-Dame de Noyers avait été bâtie, agrandie et restaurée à différentes époques. C'était un édifice remarquable, quoiqu'il manquât d'unité. On apercevait distinctement, dans les principales parties du monument, la traces de divers styles d'architecture usités au moyen âge. L'abside datait du XIe siècle. La nef et les chapelles, avec leurs arceaux en ogive, leurs colonnes élancées et leurs chapiteaux à feuillages, indiquaient la première moitié du XIIe siècle. Un narthex de la même époque, où avaient été ensevelis plusieurs membres de la famille de Saint-Maure, fut supprimé à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe, pour donner place aux fondations du clocher. De 1542 à 1544, l'église fut ornée d'un splendide jubé ciselé dans le goût de la Renaissance. Ce fut l’œuvre de l'abbé François de Mauny, qui réédifia le logis abbatial et les cloîtres. En 1544, ce prélat fut nommé évêque de Saint-Brieuc. Transféré ensuite au siège de Tréguier, il fut enfin élu archevêque de Bordeaux, où il mourut en 1588.
De tous ces beaux ouvrages il ne reste qu'une vague mention; l'église a été emportée par la Révolution, et les bâtiments claustraux furent rebâtis dans le cours du siècle dernier (1760). Nous savons que l'église offrait dans sa structure de très curieux détails. Par une disposition dont l'archéologie a signalé quelques exemples, l'édifice sacré présentait, à l'extérieur, l'aspect d'une forteresse militaire. Des tourelles ou hauts contreforts assuraient la solidité des murailles; le comble des nefs et des chapelles était surmonté de créneaux. En ce temps de guerres intestines et de querelles sans cesse renaissantes, ces créneaux et ces courtines n'étaient pas un ornement de luxe, mais une nécessité de la défense. La collégiale de Cande a conservé quelques traits de ce système, objet de l'étonnement des archéologues. L'abbatiale de Noyers devait offrir tout un ensemble que j'appellerais chevaleresque, s'il ne s'agissait pas de la maison de prière, et qu'on me permettra du moins d'appeler pittoresque.
L'ancienne église paroissiale de Noyers, encore debout, porte les caractères des constructions du XIe et du XIIe siècle; mais c'est un édifice en assez mauvais était et d'un médiocre intérêt. Après la Révolution, à la réorganisation des paroisses, par suite du concordat de 1802, Noyers donna son nom à une paroisse nouvelle, comprenant le bourg et l'église de Nouâtre comme annexe. Ce fait s'était accompli sous l'influence de la réputation de l'antique abbaye; le cardinal de Boisgelin, archevêque de Tours, connaissait mieux les documents de l'histoire que l'état des lieux. A la vue des ruines amoncelées à Noyers, il jugea à propos de réformer sa première ordonnance. Actuellement, Nouâtre, avec son élégante église du XVe siècle, est le chef-lieu de la paroisse: Noyers en est seulement une annexe.
L'abbaye de Noyers fut ravagée d'abord en 1562, par les protestants, puis, en 1589, par des soldats catholiques. Ceux-ci, on ne sait pourquoi, mirent à mort un des religieux et détruisirent les titres.
Primitivement ce monastère possédait des domaines considérables; mais, comme d'autres, il vit ses revenus s'amoindrir dans de grandes proportions, à partir et par suite de l'institution des abbés commendataires. Beaucoup de propriétés furent vendues. Le 22 décembre 1761, l'abbé céda à Marc-René de Voyer de Paulmy d'Argenson, pour une rente de 2.000 livres et de 800 boisseaux de blé, les fiefs de Poizay-le-Joly, de Séligny, des Cartiers, des Ouches, d'Antogny; les frèches des Berthauds-Salés, des Guyons, d'Aunay, des Livronins, des Massé-du-Pouer, des Bourdaux, des Martelets, des Philiberdières; les deux tiers de la grande dîme de Poizay-le-Joly, des Perrons, de Mondion, de Maugarny, des Jahans, des Batailles, des Couardes, des Moquets, des Saulniers, de La Mine, des Billauds, des Déchalles, du Chapeau-Rouge, etc...; la dîme, appelée la Collation, qui se levait aux environs de Port-de-Piles et de Falaise, la frèche du Bec-des-Deux-Eaux, etc...
En 1742, le revenu de l'abbaye de Noyers était évalué à 17.400 livres.
Le 6 mai 1791, les bâtiments claustraux, l'église et les métairies du Haut-Bourg et de La Bilboterie, furent vendus comme biens nationaux pour 100.200 livres.
Cette abbaye était rentrée dans la congrégation de Saint-Maur le 4 avril 1659.
Le fief de l'abbaye de Noyers relevait du château de Chinon, à une médaille d'or à chaque mutation de roi. Il avait le droit de haute, moyenne et basse justice. Les fourches patibulaires, qui marquaient le droit de haute justice, étaient placées dans les environs du bourg de Nouâtre. Le 25 juillet 1372, Isabeau de Craon, dame de Nouâtre, autorisa les religieux ces fourches au lieu-dit Le Bois-aux-Moines, à la condition que tous les ans, le jour de la Fête-Dieu, ils lui présenteraient un chapeau de fleurs.
L'abbaye de Noyers levait une dîme dans la paroisse de Poizay-le-Joly. A cause de cette dîme, l'abbé était tenu d'envoyer, tous les ans, au château de La Fontaine-Dangé, une jallaye de vin et un gâteau d'un boisseau de froment pétri avec des œufs et du beurre. Celui qui portait ce cadeau devait être accompagné de deux individus jouant de la cornemuse.
Abbés de Noyers:
1. Evrard, ou Ébrard, 1031.
2. André, 1032-1064.
3. Geoffroy, 1064-1972.
4. Reynier, 1072-1080.
5. Étienne, 1080-1112.
6. Gaudin de Poent, 1112-1132.
7. Hugues I, 1132-1149.
8. Gilles, 1149-1177.
9. Henri, 1177-1198.
10. Odon d'Azay, 1198-1207.
11. Aimery Sorin, 1208, 1219.
12. Jean des Aubiers, 1240, 1247.
13. Jean de Sancy, vers 1252.
14. Girard, 1255, 1259.
15. Hugues Sorin, vers 1261.
16. Mathieu, 1272, 1275.
17. Philippe, 1296. Il vivait encore en 1303.
18. Zacharie, 1316, 1319.
19. Philippe, 1322, 1327, 1329.
20. Pierre, vers 1331.
21. Arnauld, donna sa démission en 1359.
22. Nicolas de Villeneuve, élu en 1359, mourut en 1363.
23. Raoul, prieur du Port-de-Pile, fut nommé abbé de Noyers en 1363 et mourut le 7 juin 1364.
24. Jean III, prieur de Noyers, fut nommé abbé en septembre 1364. Il mourut vers 1380.
25. Guillaume est cité dans des titres de 1409, 1418 et 1420.
26. Regnaud donna sa démission en 1431 et fut nommé prieur de Parilly.
27. Jean, prieur de Sainte-Maure, fut nommé abbé par le pape Martin V en 1431.
28. Salomon Chevalier est mentionné dans des titres de 1438, 1439 et 1440.
29. Guillaume de Chauvigny, 1441, vivait encore en 1459.
30. Maurice de Parthenay, 1459, mourut vers 1470.
31. Raoul du Fou du Vigean, évêque d'Angoulème, fut le premier abbé commendataire de Noyers, en 1470. Par la suite, il fut nommé évêque d’Évreux. Il mourut en 1510.
32. Gérard de Mauny, élu en 1498, mourut le 1er mai 1505.
33. Jacques de Mauny, élu en 1505, mourut vers 1543. Sous son administration, on fit d'importantes réparations dans l'église abbatiale.
34. François de Mauny, abbé de Noyers vers 1544, fut ensuite évêque de Tréguier, puis archevêque de Bordeaux (1553). En 1554, il résigna son abbaye en faveur de son neveu, Mathieu de Mauny, et mourut en 1558.
35. Mathieu de Mauny, abbé en 1554, mourut vers 1560.
36. Eustache du Bellay, évêque de Paris, fut abbé de Noyers de 1560 à 1565. Il fut inhumé dans l'église de Gizeux. Il était le fils de René du Bellay, seigneur du Bellay et de Gizeux, et de Marquise de Laval.
37. François Chesneau, nommé en 1575, mourut en 1578.
38. Antoine Millet est cité, avec le titre d'abbé de Noyers, dans des actes de 1578, 1581 et 1584.
39. Charles de Corsay, 1585.
40. Charles Martineau de Thuré, 1588.
41. Jean Fouldrin, aumônier du roi, abbé de Notre-Dame de Blois, fut nommé abbé de Noyers en 1597. Il mourut en octobre 1615.
42. Emmanuel Martineau de Thuré, nommé en 1649, mourut le 21 décembre 1649.
43. César de Baudéan de Parabère, nommé abbé le 27 décembre 1659, prit possession le 28 novembre 1662. En 1663, il permuta avec le suivant.
44. Claude de Blancpignon, aumônier de l'église de Blois, prit possession de l'abbaye de Noyers le 11 juillet 1663. Il ne fut abbé que pendant deux mois. N'ayant pu obtenir ses bulles, il abandonna ce bénéfice.
45. César de Baudéan de Parabère reprit possession de l'abbaye de Noyers en octobre 1663. Il mourut en 1678. Il était aumônier du cardinal Mazarin et abbé de Saint-Vincent de Metz et de la Réole.
46. Pierre-Amable Richou, nommé en avril 1678, mourut en mars 1687.
47. Jean-Baptiste Pinson, nommé le 18 mai 1687, mourut en 1736.
48. Julien-Hyacinthe Le Riche, docteur de Sorbonne, grand archidiacre de Tours, prieur de Saint-Louans, nommé abbé de Noyers en 1736, donna sa démission en 1746.
49. Louis Le Bègue de Magnanville, nommé en 1746, donna sa démission en 1749.
50. Henri-Jacques d'Aviau du Bois-de-Sanxay, chanoine de Saint-Hilaire de Poitiers, abbé de Relay, nommé abbé de Noyers en 1749, prit possession en avril 1750. Il était fils de Charles d'Aviau, seigneur du Bois-de-Sanxay, et de Louise Begaud de Cherves. Il mourut en 1761.
51. Urbain-René de Hercé, né à Mayenne en le 2 février 1726, nommé abbé de Noyers en 1761, puis évêque de Dol en 1767, résigna son abbaye en 1785.
52. Louis-Jules-François-Joseph d'Andigné de Mayneuf, né au Lion-d'Angers le 4 mai 1756, nommé abbé de Noyers en 1785, était vicaire général de l'évêque de Troyes en 1811. Il fut nommé évêque de Nantes en 1817 et mourut le 2 février 1822. Il eut sa sépulture dans la cathédrale de cette ville. Son cœur, apporté à Angers, fut déposé dans la crypte de la cathédrale.
Prieurs de l'abbaye depuis 1669:
Étienne Demont, 1669; René Flandreau, 1671; André Billot, 1675; Louis Hynault, 1683; Pierre Cosson, 1693; François Maury, 1699, décédé le 5 octobre 1707; François Saulnier, 1708; Louis de la Touche, 1714; René Jeudry, 1718; René Lepape, 1726; Jean Fresnel, 1749; François-Xavier Estin, 1768.
L'abbaye de Noyers portait pour armoiries: D'azur, à une Notre-Dame tenant l'Enfant Jésus, le tout d'or.
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