Bourgueil - L'Abbaye

Historique du nom: Monasterium Sancti Petri (1000, Archives 37, H990, Cartulaire de Bourgueil), Locus Sancti Petri Burguliensis (1004, Archives 37, H990, Charte d’Hubert, chevalier du château de Saumur), Conventus de Burgulio in Valleya (1263, Archives 37, H990, Charte de Hugues de Parthenay), Ad patronatum abbatis de Burgolio (vers 1300, XIVe siècle, Pouillé de Tours), Abbatis Sancti Petri de Brigolio (1315, Pouillé de Bourges), Abbacie et prioratus de Burgolio (vers 1330, Pouillé de Tours), L’Abbaye de Bourgueil (1365, Archives nationales, JJ98-247-78), Ad abbatem Burgoliensem (XIVe siècle, Pouillé de Tours), Abbatia de Burgolio (XIVe siècle, Pouillé de Tours), Sainct Pierre de Bourgueil en Vallée (1387, Archives 37, H990, Cartulaire de Bourgueil), Abbaye de Bourgueil (1408, Archives nationales, JJ162-331-256), Abbas de Burgolio (1467, vers 1508, Pouillé de Tours), L’Abbaïe de Bourgueil (1569, Pouillé de Tours), Frère Henry d'Estampes de Valençay, conseiller du Roy en ses conseils d’État et privé, bailli de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem, commandeur de Metz et de la Ville Dieu, abbé et baron de Bourgueil et de Champagne (1655, Archives de Rueil-la-Gadelière), L'Abbaye (1820, Carte de l'état-major), L’Abbaye (1830, Cadastre E1), L’Abbaye (1953, Cadastre E2), Abbaye (2016, Carte IGN).

L'abbaye Saint-Pierre de Bourgueil, appartenant à l'ordre de saint Benoît, fut fondée, avant 990, par Emma, fille de Thibault, dit le Tricheur, comte de Blois, et femme de Guillaume Fier-à-Bras, comte de Poitiers. Toutefois, une charte indique que, dès 977, des moines étaient établis à Bourgueil, qui n'était alors, sans doute, qu'un simple prieuré. Par cette charte, la comtesse Emma et le comte Eudes, son frère, confirmèrent la donation faite par les religieux, au nommé Lambert, d'un moulin situé à Marcé. L'acte de fondation du monastère se trouve aux archives du département d'Indre-et-Loire. Cinq après, Eudes, comte de Tours et de Chartres, confirma la fondation faite par sa sœur.

L'église abbatiale, fondée par la comtesse Emma, fut consacrée en 1001. L'abbé Godefroy la réédifia en grande partie en 1246, et 40 ans après, on la remplaça par un autre édifice, tout en conservant l'ancien clocher; mais celui-ci se trouva séparé de la nouvelle construction par une distance de quelques toises. L'évêque d'Angers, Guillaume III Le Maire, consacra cette seconde église le 19 juillet 1293.

Le 30 avril 1361, pendant la nuit, toute la toiture fut détruite par un incendie. La solidité des murs avait tellement été compromise par suite de cet incendie, qu'on fut obligé de reconstruire entièrement l'église; mais, faute de ressources, on ne put recommencer cette réédification qu'en 1384, c'est-à-dire 23 ans après le sinistre. Le 31 juillet 1387, Guillaume Aignan et Guillaume Hue, envoyés par le bailli de Touraine, vinrent visiter les lieux et constatèrent que l'abbé Guillaume le Dan avait rétabli le chœur. De 1387 à 1395, le même abbé releva la façade de l'église et bâtit les murs du transept. Son successeur, Pierre Girard, continua les travaux et laissa en mourant la somme nécessaire pour achever l'édifice qui fut consacré en 1418. On ne sait pour quel motif on renouvela cette consécration en 1440, sous l'administration d'Eustache de Maillé. Par la suite, l'édifice fut souvent et gravement endommagé par la foudre. Le 20 septembre 1433, elle renversa la flèche du clocher, détruisit deux cloches et brisa plusieurs vitraux. Ces dommages étaient complètement réparés en 1444. En 1612, le jour de saint André, un violent orage éclata. Entre midi et une heure, à la suite d'un coup de tonnerre, le sommet du clocher brûla et la croix tomba sur la toiture. Le tocsin ayant été sonné à la grosse tour de l'abbaye et à l'église Saint-Germain, les habitants accoururent en foule pour porter secours. Des couvreurs montèrent sur les charpentes et essayèrent d'arrêter le feu qui se propageait rapidement; mais le plomb fondu et des débris de bois enflammés tombaient de toutes parts, de sorte que ces ouvriers, dont la vie était en péril, furent contraints de se sauver. Activé par un vent violent, l'incendie acheva son œuvre. Au bout de deux heures, la charpente était réduite en cendres.

Le 8 janvier 1613, à la requête de Léonor d'Estampes de Valençay, abbé de Bourgueil, Philippe Dreux, lieutenant-général civil au siège de Chinon, vint visiter le lieu du sinistre et dresser l'état des réparations nécessitées par ce désastre. Le procès-verbal dressé à cette occasion donne les dimensions de l'édifice. La longueur totale était de 213 pieds, la largeur de 60 pieds. On donna 100 pieds de hauteur à la flèche qui fut rétablie peu de temps après. Renversée par la foudre, le 3 août 1633, puis relevée, elle tomba de nouveau, pendant un orage, le 6 juin 1637. L'abbé Léonor d'Estampes la fit reconstruire avant 1651.

La comtesse Emma, fondatrice de l'abbaye, avait été inhumée dans l'église bâtie de son temps. Lors de la reconstruction de l'édifice, son tombeau fut transporté près de la sacristie et de l'autel Saint-Thibault, où il était encore en 1750. Tous les dimanches, les religieux s'y rendaient en procession et y chantaient un Libera.

Déjà richement dotée à l'époque de sa fondation, l'abbaye de Bourgueil reçut, par la suite, d'importants dons. Parmi ses bienfaiteurs, on remarque: Corbon des Roches; un chevalier nommé Rainaud; Aimery, comte de Nantes; Hubert de Saumur; Barthélemy, archevêque de Tours; Évrard, chevalier du château de Loudun; Joscelin, archevêque de Bordeaux; Alo, chevalier poitevin; Geoffroy, doyen de l'église de Paris; Hugues de Langeais; Odile de Jarries; Raoul, vicomte de Thouars; Guy Regnart, chevalier croisé; Névelon de Fréteval; Rainaud d'Ussé; Geoffroy Giffard; Jean seigneur de Montoire; Hue de Nerbonne, Agnès de Montsoreau, etc...

Ce monastère possédait de nombreux fiefs en Anjou, en Touraine et dans le Poitou. A ces possessions, constituant déjà une importante fortune, venaient se joindre la forêt de Bourgueil, de vastes prairies avoisinant l'abbaye, et un grand nombre de bénéfices ecclésiastiques (prieurés, cures, ...) situés dans les diocèses d'Angers, de Tours, de Poitiers, d'Orléans, de Maillezais et de La Rochelle, de Chartres, du Mans, d’Évreux, de Nantes, de Limoges, de Paris, de Saintes et d'Angoulême.

Les chapelles de Saint-Étienne de La Chopinière, de Notre-Dame de Fondis, de Sainte-Catherine, de Saint-Eutrope, des Sauvagets, de Notre-Dame-la-Ronde et la chapelle Saint-Sauveur, ces deux dernières desservies par dans l'église de Chouzé, appartenaient aussi aux religieux de Bourgueil.

Les biens de l'abbaye de Bourgueil, estimés en 1775, représentaient alors une valeur de près d'un million de livres.

L'église a été entièrement détruite à la Révolution. La maison abbatiale et ses dépendances furent vendues comme biens nationaux, le 14 février 1791, et adjugées, au prix de 120.000 livres, à Marie-Françoise Doucet-Dugué, veuve de Fortuné Guillon, marquis de Rochecotte. En 1878, une partie de ces bâtiments appartenait à M. Orye, membre du Conseil général d'Indre-et-Loire; l'autre au couvent des dames de Saint-Martin de Bourgueil.

Abbés de Bourgueil

  1. Gausbert, parent d'Eudes, comte de Champagne et de Blois, et d'Emma, fondatrice du monastère de Bourgueil, obtint du pape Sylvestre II une bulle qui confirmait, à cette abbaye, tous les biens qu'elles possédait. Il est cité dans des chartes de 991, 994, 996, 1001, 1003 et 1004. Il mourut le 15 octobre 1005 (1007, d'après D. Martène). Avant d'être appelé à administrer l'abbaye de Bourgueil, Gausbert avait été abbé de Saint-Julien de Tours et de Maillezais.
  2. Bernon, élu abbé en 1005. Pendant son administration, les prieurés de Saint-Melaine de Chinon et de Saint-Étienne de la Rajace furent donnés à l'abbaye, le premier par un chevalier nommé Hubert; le second par Milsendis. Il céda aux religieux de Jumièges la terre de Longueville, en Normandie, et reçu en échange celle de Tourtenay. Il mourut le 21 novembre 1012 et eut sa sépulture dans le Chapitre.
  3. Teudon ou Théodelin, ou Théodon, ancien moine de Saint-Julien de Tours et prieur de Maillezais, fut élu abbé de Bourgueil en décembre 1012. Il fit confirmer les privilèges et possessions de son monastère par le pape Benoît VIII, et mourut à Bourgueil en janvier 1045.
  4. Jean, élu en 1045, mourut le 14 février 1048.
  5. Rainaud, élu en 1048, décéda le 24 octobre 1055. De son temps, Lovo et Rahier fondèrent le prieuré du Plessis-aux-Moines, paroisse de Chouzé, et le donnèrent à l'abbaye.
  6. Raimond, nommé en 1055, est cité dans des chartes de 1069 et 1075. Il mourut le 25 décembre 1089. Parmi les donations faites à l'abbaye pendant son administration, on remarque celle du prieuré de Saint-André de Mirebeau, en Poitou, due à Barthélemy, archevêque de Tours, et celle du prieuré Saint-Pierre de la Péruse, au diocèse de Limoges.
  7. Baudry, né à Meung-sur-Loire vers 1047, fut élu abbé de Bourgueil en 1089 et gouverna ce monastère pendant 18 ans. Appelé au siège épiscopal de Dol-de-Bretagne en 1107, il mourut le 30 décembre 1131 (7 janvier 1130, d'après l'Histoire littéraire), et fut inhumé dans l'église de Préaux.
  8. Guibert, d'abord prieur de Bourgueil, fut élu abbé en 1107. Il mourut le 30 août 1123.
  9. Bernard, élu en 1123, mourut le 17 février 1126. Il fut inhumé dans l'église abbatiale.
  10. Ithier, d'abord prieur puis abbé (1126), fut nommé évêque de Nantes en 1142 et mourut dans cette ville le 28 décembre 1147. Dès 1134, il avait donné sa démission d'abbé de Bourgueil.
  11. Pierre, premier du nom, élu en 1134, et décédé le 24 juin 1148, fut enterré dans le Chapitre.
  12. Robert, élu le 30 juin 1148, mourut en 1150.
  13. Aimery, élu en 1150, décédé le 15 mai 1185.
  14. Hilaire, nommé en 1185, fit reconstruire les bâtiments claustraux qui tombaient en ruines. Il mourut à Mirebeau le 17 août 1207 et eut sa sépulture dans l'église de ce prieuré.
  15. Lucas, élu en 1207 et décédé le 8 janvier 1212, fut inhumé dans l'église de Bourgueil.
  16. Hubert, nommé en 1212, est cité dans des chartes de 1215, 1223, 1224, 1225 et 1230. Il mourut le 22 juillet 1235.
  17. Guy (1235), décédé le 13 juin 1238, fut enterré dans le Chapitre.
  18. Geoffroy, premier du nom, élu en 1238, fit réparer l'église abbatiale en 1246. Il mourut le 19 juin 1257.
  19. Guillaume, premier du nom, nommé dans les derniers jours de juin 1257, et mort le 16 juillet 1274, eut sa sépulture dans son église.
  20. Hugues, élu en 1274, commença, en 1286, le reconstruction de l'église qui fut achevée en 1293 et consacrée le 19 juillet par l'évêque d'Angers, Guillaume Le Maire. Il mourut en 1301 et fut inhumé dans le nouveau temple.
  21. Geoffroy II, élu en novembre 1301, mourut le 28 août 1303.
  22. Guibert, appelé aussi Gillebert de Vernou, ou l'Anglais, nommé en 1303, donna tous ses biens au monastère. Décédé le 11 avril 1316, il fut inhumé dans le chœur de l'église.
  23. Gervais, élu en avril 1316, mourut le 2 novembre 1355.
  24. Bertrand de Vignac, nommé en 1355, et décédé le 20 mars 1361, fut enterré dans le Chapitre.
  25. Joscelin, élu abbé à la fin de mars 1361, mourut le 5 septembre suivant.
  26. Pierre le Voyer, nommé le 22 septembre 1361, mourut le 17 avril 1371.
  27. Mathieu Gauthier, originaire de Limoges, conseiller du roi, fut élu abbé en 1371 et prêta serment de fidélité au roi le 8 juin 1372. Il mourut le 1er décembre 1384.
  28. Guillaume Le Dan, né à Rillé, élu abbé le 6 avril 1386, fit d'importantes réparations à l'église. Décédé le 14 mars 1395, il eut sa sépulture dans le chœur.
  29. Pierre Girard, originaire de Poitiers, élu le 15 mars 1395, continua la réédification de l'église entreprise par son prédécesseur. Il donna à l'abbaye le fief de Chapil, situé dans la paroisse de Brain-sur-Allonnes, et mourut le 29 novembre 1408.
  30. Jean Reversé, originaire de Benais, reçut du pape l'autorisation de porter la mitre. De son temps eut lieu la dédicace de la nouvelle église. Décédé le 17 décembre 1425, il fut inhumé dans la chapelle Saint-Thibault. Ses armes (deux cloches et une clé) furent sculptées au-dessus de l'autel.
  31. Raoul Berruyer fut élu en 1425. Hardouin de Bueil, évêque d'Angers, ratifia cette élection qui avait été imposée aux religieux par Pierre de Culant, commandant de la forteresse de Bourgueil. L'année suivante, en mai, Raoul Berruyer céda son abbaye à Eustache de Maillé et reçut, en échange, celle de Seuilly. Il mourut le 23 avril 1440.
  32. Eustache de Maillé (1426) fit relever la flèche du clocher, renversée par la foudre en 1433, entoura de murs le clos de l'abbaye, reconstruisit divers bâtiments appartenant aux religieux, notamment la maison de Saint-Gilles, et donna à l'église un buffet d'orgues. Les chroniques de Bourgueil ne sont pas d'accord sur la date de son décès: une le place en 1424; l'autre en 1434; une troisième le 10 octobre 1444.
  33. Louis Rouault de Gamaches, évêque de Maillezais, donna sa démission d'abbé de Bourgueil en 1450.
  34. Étienne Faulquier, ancien religieux de Saint-Étienne de Caen, suivant les uns, chanoine régulier  de l'ordre de Saint-Augustin, suivant d'autres, fut nommé abbé de Bourgueil en 1450. Il mourut en 1455 au prieuré du Plessis-aux-Moines, paroisse de Chouzé, et eut sa sépulture dans l'église prieurale. Mais, quelques années après, on rapporta son corps à Bourgueil pour l'inhumer dans le chœur de l'église.
  35. Louis Rouault de Gamaches, déjà nommé, fut de nouveau élu abbé en 1455 et donna sa démission en 1475. Il mourut en 1477.
  36. Jean Héberge (ou Heluye), abbé de Bourgueil en 1475, fut ensuite nommé évêque d’Évreux.
  37. Guillaume de Cluny, originaire de Bourgogne, chanoine de Saint-Gatien et de Saint-Martin de Tours, évêque de Poitiers (1479), mourut à Tours en 1481.
  38. Adrien Gouffier, cardinal-évêque de Coutances, grand aumônier de France, légat du Saint-Siège, administra l'abbaye de Bourgueil pendant 33 ans. Il donna sa démission en 1513. Décédé le 24 juillet 1523, il fut inhumé dans l'église de Bourgueil, à l'entrée de la chapelle de la Vierge. Il était fils de Guillaume Gouffier, baron de Roannais, sénéchal de Saintonge, gouverneur de Touraine, et de Louise d'Amboise.
  39. Philippe Hurault de Cheverny fut, disent les chroniques, le dernier abbé de Bourgueil portant le froc. Sa nomination eut lieu en juin 1513. Il fit reconstruire les bâtiments claustraux et deux chapelles dépendant de l'église abbatiale. Il mourut à Paris le 11 novembre 1539 et fut inhumé dans l'église des Blancs-Manteaux. Outre l'abbaye de Bourgueil, il avait administré les monastères de Marmoutier, de Saint-Aubin d'Angers et de Pontlevoy.
  40. Charles de Pisseleu, premier abbé commendataire, évêque de Condom, abbé de Saint-Aubin d'Angers, mourut le 4 septembre 1564. Une chronique de l'abbaye dit qu'il dépouilla l'aumônier, le cellerier et le prévôt, et qu'il persécuta les religieux.
  41. Louis de Lorraine, cardinal de Guise, archevêque de Sens et évêque de Metz, abbé de Saint-Victor, de Moissac, de Saint-Germain d'Auxerre, puis de Bourgueil (1564), né en 1527, était fils de Claude Ier, duc de Guise, et d'Antoinette de Bourbon-Vendôme. Il mourut à Paris, le 28 mars 1578.
  42. Louis de Clermont de Bussy d'Amboise, pourvu de l'abbaye de Bourgueil en avril 1578, fut tué, à La Coutancière, en Anjou, par Charles de Chambes, comte de Montsoreau, le 19 août 1579. Il eut sa sépulture dans l'église des Cordeliers, à  Saumur.
  43. René de Savoie, baron de Cipières, obtint l'abbaye de Bourgeuil, en 1579, sous le nom de Jean Rosias, qui ne fut, en réalité, que son économe ou son régisseur. Cependant, on fait figurer ce Rosias dans la liste des abbés du monastère, et il est certain qu'il exerça, de 1579 à 1581, toute l'autorité attachée à ce titre. En 1582, René de Savoie, le véritable abbé, vendit le bénéfice au personnage suivant.
  44. Guillaume de Bailly, comte de La Ferté-Alais, président de la Chambre des comptes, prit possession de l'abbaye le 5 mai 1582, et mourut à Bourgueil le 28 du même mois. Il fut inhumé dans le chœur de l'église Abbatiale.
  45. Jean de Monluc, seigneur de Balagny, maréchal de France, gouverneur de Cambrai, fut pourvu de l'abbaye de Bourgueil en juin 1582. Il prit possession par Laurent Gillot, doyen de l'église de Cambrai. En 1585, le roi, mécontent de ce qu'il avait abandonné son parti pour prendre celui de la Ligue, lui retira son abbaye et la donna au suivant. Laurent Gillot, bien qu'il ne fut que le prête-nom et l'économe du maréchal, avait été cependant nommé abbé, ainsi que le constatait une bulle conservée dans les archives de Bourgueil.
  46. Charles de Bourbon, cardinal de Vendôme, archevêque de Rouen, posséda l'abbaye de Bourgueil, de 1585 à 1593. A cette dernière époque, le roi la rendit à Jean de Monluc.
  47. Jean de Monluc vendit l'abbaye, pour 4.000 livres de rente, à Jean d’Étampes, seigneur de Valençay, conseiller d’État, qui achetait ce bénéfice pour un de ses fils, Léonor, qui n'avait alors que 5 ans. Jean d’Étampes prit possession par Adrien Le Maistre, son économe.
  48. Adrien Le Maistre fut pourvu du titre d'abbé de Bourgueil le 22 juin 1596 et prit possession le 30 avril 1598. Il mourut le 20 mars 1603.
  49. Jean Bertaut, évêque de Sées, aumônier de la reine Catherine de Médicis, abbé de Bourgueil (1603), mourut le 8 juin 1611.
  50. Léonor d’Étampes de Valençay, archevêque de Reims, abbé de Saint-Martin de Pontoise et de La Palisse, introduisit des religieux de la congrégation de Saint-Maur dans le monastère de Bourgueil le 9 juillet 1630. Il répara l'église, fit d'importantes dépenses dans le logis abbatial et établit une levée depuis l'abbaye jusqu'à la Loire. Décédé à Paris, le 1er avril 1651, il fut inhumé dans l'église des Carmes déchaussés.
  51. Henri d’Étampes de Valençay, neveu du précédent, chevalier de l'ordre de Malte, grand-prieur de Champagne, puis grand-prieur de France et ambassadeur à Rome, mourut à Malte le 8 avril 1678.
  52. Louis-Nicolas Le Tellier de Louvois, marquis de Souvré, n'avait que 12 ans lorsqu'il fut pourvu de l'abbaye de Bourgueil. En vertu des bulle de Rome, il prit possession le 24 novembre 1678. Il donna sa démission en 1684, en faveur du suivant, son frère, et mourut le 10 décembre 1725.
  53. Camille Le Tellier de Louvois, né le 11 avril 1675, docteur en Sorbonne, chanoine de Reims, intendant et garde des médailles et antiques du roi, membre de l'Académie française et de l'Académie des inscriptions, abbé de Bourgueil le 31 mai 1684, mourut le 5 novembre 1718 et fut enterré dans l'église des Capucins de Paris.
  54. Guillaume Dubois, ministre d’État, nommé abbé de Bourgueil le 1er mai 1719, prit possession le 27 avril de la même année. Il mourut le 10 août 1723 et fut inhumé dans le chœur de l'église Saint-Honoré, à Paris.
  55. Louis Léonard d'Alègre, nommé abbé de Bourgueil en octobre 1723, prit possession le 16 mars 1724 et mourut à Paris le 28 mars 1750.
  56. Germain Chasteigner de la Chasteigneraye, docteur en Sorbonne, aumônier du roi, évêque de Saintes, comte de Lyon, pris possession de l'abbaye de Bourgueil le 23 octobre 1750 et mourut à Saintes le 29 novembre 1781.
  57. César-Guillaume de La Luzerne, évêque de Langres, fut pourvu de l'abbaye de Bourgueil en décembre 1781 et pris possession le 3 octobre 1782 par Jean-Baptiste Guillaume Bellegarde, prieur de ce monastère. Ce bénéfice lui avait été accordé à la condition qu'il paierait une pension annuelle de 4.000 livres à N. Devaulx, chanoine et comte de Brioude. Ce prélat fut le dernier abbé de Bourgueil.

Prieurs de l'abbaye de Bourgueil

Aimery, 1100; Guibert, 1116; Ithier, 1123; Nicolas Langlois, 1328, décédé le 1er août 1335; Jacques Pouvreau, 1552; René Dolbeau, 1582; Pierre Castillon, 1615; Odile Bataille, 1632; Benoît de Beaurepaire, 1641; Philippe Cadeau, 1643; Nicolas Vallée, 1649-1653; Philippe le Roy, 1654-1660; Philibert Nitot, 1661; Boniface Letang, 1665-1668; Vulfran Henry, 1669; Martin Le Poitevin, 1670; Vital Armand, 1677-1680; Joachim Le Comtat, 1681, décédé le 14 novembre 1690; Joseph Aubert, 1692; Jean-Baptiste Pierre Guyon, 1693; Louis Tascher, 1696; Pierre Guyon, 1700; Georges Terriau, 1702; Yves Le Goffier, 1703; Claude Patron, 1705-1707; Charles Le Boucher, 1709-17013; Bède Bernard, 1717; Jean-Bonaventure Aubert, 1721; Joseph Castel, 1722; Pierre Chevillard, 1723-1725; Jean Estevaux, 1728; Jean Murault, 1729; Léonard Geffrard, 1738; Jean Murault, 1740-1745; Pierre Martin, 1748-1750; Mathurin Le Fresne, 1752; Léonard Geffrard, 1765; Jean-François Dupuy, 1773; François Labbé, 1775; Jean-Baptiste Guillaume Bellegarde, 1782; François-Xavier Estin, 1783, 1789.

Chapelles

On comptait sept chapelles dans l'abbaye de Bourgueil: les chapelles Ferrand (ou Saint-Michel), Saint-Jean-Baptiste, Jean-François, Butonneau, Notre-Dame-des-Gaudineaux, Sainte-Anne et Saint-Thibault. Les titulaires de ces chapelles étaient nommés par l'abbé de Bourgueil.

  • Chapelle Ferrand: Elle fut fondée en 1328, sous le vocable de saint Michel, par Mathieu (ou Macé) Ferrand, chancelier de France. Les titres de l'abbaye fournissent les noms de quelques chapelains: Jean Grangier, 1455; Rolland Ricosseau, 1483; Claude d'Andigné, 1551; Michel Budan, 1605-1610; René des Hattes, 1611; Charles de Villecourt, 1632; François Drouet, 1647.
  • Chapelle Saint-Jean-Baptiste: Fondée en 1328 par Nicolas Langlois, prévôt de l'abbaye, elle fut reconstruite en 1407. Hardouin de Bueil, évêque d'Angers, la consacra en 1408. Au début du XVIe siècle, elle tombait en ruines. L'abbé Philippe Hurault de Cheverny la fit rebâtir vers 1520. Étienne Le Mer, vivant en 1836, est le premier châtelain connu. Après lui, on trouve: Laurent Langlois, 1461; Louis Guéroust, 1507; René Moreau, 1559; Olivier de la Roussière, 1572; René Ratault, 1584; Claude Renard, 1596; Guillaume Bellyard, 1598; Armand de Motal, 1604; François Le Prieur, 1609; François Parent, 1610; René Amirault, 1651.
  • Chapelle Jean-François: Elle eut pour fondateur, en 1334, Jean-François Cholet, moine de Bourgueil. On ignore sous quel vocable elle était placée.
  • Chapelle Butonneau: Elle fut fondée par l'abbé Philippe Hurault de Cheverny en 1533. Par acte du 1er février 1530, cet abbé acheta à Jean Gaudet la métairie de Butonneau, d'une étendue de 26 à 30 arpents, et la donna, le 4 juin 1533, à la chapelle. En 1554, le titulaire de ce bénéfice était Jean Crespin qui eut pour successeurs: Philippe Le Masle, 1555; Jean de Quinefolle, 1560; Guillaume de Quinefolle, 1570; Jacques Taillandier qui prit possession le 2 avril 1585; Jacques de Savonnières, 1590; Pierre Castillon, 1593; Guillaume Belliard, vers 1600; Jean de Caux, 1721; René de Hatte, vers 1625; Étienne Daix, nommé le 22 novembre 1630.
  • Chapelle Notre-Dame-des-Gaudineaux: Elle fut fondée vers 1520 par Jamet et Huguet Gaudieneau, frères. L'abbé Philippe Hurault de Cheverny la fit reconstruire (vers 1530) et elle fut restaurée par les soins de l'abbé Léonor d’Étampes de Valençay, en 1612. Guillaume Longeais en était le desservant en 1543. Après lui, on trouve: Pierre Guilleau, 1555; Étienne de Saint-Germain, 1557; François Renard, 1559; François de la Vignolle, 1569; François Guerchois, 1572; Pierre de Glanderois, 1575; Toussaint Guérin, 1593; René Dolbeau, démissionnaire en 1608; Christophe Duverney, nommé le 13 novembre 1608; martin Gallet, nommé en 1610; François de Meaulne, nommé en 1612, vivant encore en 1639; François Besnard, 1658. En 1751, cette chapelle avait 31 livres de rente et possédait plusieurs maisons et des prés dans les paroisses de Saint-Germain et de Saint-Nicolas-de-Bourgueil.
  • Chapelle Sainte-Anne: Elle eut pour fondateur l'abbé Philippe Hurault de Cheverny, vers 1530. Étienne de Saint-Germain en était châpelain en 1546. Il eut pour successeur Jean Ventelon (1560) et, après celui-ci, on trouve Florent Godureau, en 1630, et Thomas de Fondettes, en 1658.
  • Chapelle Saint-Thibault: Elle fut fondée par l'abbé Jean Reversé, trentième abbé de Bourgueil, décédé en 1425.

Dans l'enceinte de ce monastère se trouvait un logis seigneurial, appelé le Pesle, dont la construction était attribuée à Henri II, roi d'Angleterre (XIIe siècle). Ce bâtiment fut détruit, le 26 mars 1620, sur ordre de l'abbé Léonor d’Étampes de Cheverny.

Armoiries de l'abbaye de Bourgueil: D'azur, à deux clés adossées, passées en sautoir, d'or, surmontées de fleurs de lis, de même.

Bourgueil par Tourainissime

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